Les Moana's

Les Moana's

mercredi 20 août 2014

Bilan - 1 an de voyage

20/08/2014

Bilan - 1 an de voyage
une année de voyage à bord de MOANA



des dates et des chiffres

4 août 2013, nous larguons les amarres et quittons le doux port des Saintes Maries de la Mer.

4 août 2014, nous sommes en pleine traversée du Pacifique.

Entre ces 2 dates, que de chemin parcouru : 10855 milles nautiques (transpacifique incluse), pas étonnant que l’on ait ressenti un peu de fatigue et de ras le bol (1 mille = 1852 m)

Beaucoup de 2 : 2 mers, la Méditerranée et la mer des Caraïbes, 2 passages mythiques, le détroit de Gibraltar et le canal de Panama, 2 océans, l’Atlantique et le Pacifique, avec toujours 2 enfants à bord.



un passage délicat

Le bilan de cette année est positif.

Mais je ne suis pas dupe, car il a été écrit pendant la traversée de l’océan Pacifique, navigation que l’on a beaucoup appréciée. Etre en mer loin de tout permet d’alléger les mauvais souvenirs et de ne garder que le positif, mais tout n’est pas oublié ni effacé pour autant.

Les semaines entre avril et juin ont été très délicates, beaucoup de fatigue, de doute, à peine envie de continuer vers le Pacifique. On s’est demandé à plusieurs reprises si c’était judicieux ou pas de le faire, au vue de notre état psychologique, du ras le bol avec les enfants, de l’école catastrophique, des soucis mécaniques du bateau et des dépenses qui n’en finissent pas. Evidemment pendant cette période les enfants ont été intenables, conséquence ou cause secondaire de notre état d’esprit ? Eux qui étaient si complices avant, ont passé leur temps à se chamailler, les journées ont été très difficiles à gérer, pire qu’à la maison (pour les amies qui me connaissent, elles voient de quoi je parle…)

Les mois passés en Martinique et à Ste Lucie ont été reposants et calmes comparés à cette descente marathon des Grenadines et de notre traversée jusqu’à Panama. Pour autant malgré la fatigue et le moral desfois bien bas, nous avons d’excellents souvenirs des Grenadines, et ses îles paradisiaques restent gravées dans notre mémoire.



Avec  le recul, il faudrait 3 ans pour faire le périple que l’on fait, ce qui nous aurait permis de plus profiter du sud de l’arc Antillais, et plus de la mer des Caraïbes et de la région de Panama.

Mais la météo et les saisons n’attendent pas, il fallait avancer.

Une fois passé le canal de Panama, et une fois quittés Las Perlas, ouf, les doutes et les inquiétudes sont retombées, nous étions dans le Pacifique, plus question de faire demi-tour, et surtout très contents d’être là.

Le marathon dans les Caraïbes aura servi à nous offrir un magnifique séjour aux San Blas avant les orages dangereux de la saison des pluies, et une belle transpacifique.





Les saisons

Nous avons un peu rattrapé notre retard, mais nous sommes maintenant inquiets pour la suite, à cause du phénomène climatique El Nino confirmé pour cette année. Il accroit le risque de cyclones dans le Pacifique. En temps normal (mais peut-on encore parler de normalité ?) les cyclones dans le Pacifique Sud sont très rares, rien de comparable à ce qui se passe dans les Grandes Antilles à chaque saison des pluies, ou dans le Pacifique Nord (Hawaï).

La saison cyclonique (ou saison des pluies, l’été) en Polynésie commence en décembre, jusqu’en avril. Mois les plus dangereux : de janvier à mars. Il faut donc être à l’abri (ou à proximité d’un abri) à partir de décembre. On ne sait pas encore où ni comment, il n’y a pas vraiment d’abri en Polynésie. Les Marquises sont en dehors de la zone cyclonique, mais on ne peut pas y rester jusqu’en avril, c’est trop proche ensuite de notre fin de voyage. On prévoit donc de visiter les Tuamotu en octobre et novembre, et après se diriger vers les îles de la Société et Tahiti. L’archipel des Gambier semble être juste à la limite des cyclones, alors peut-être on ira là-bas pendant le mauvais temps. Les Australes ? on espère pouvoir y aller, car cet archipel est encore plus sauvage que les autres, mais pas toujours facile d’accès, situé au sud-est, donc avec du vent dans le nez.

Malgré cet impératif de dates, nous allons en Polynésie faire des escales beaucoup plus longues que dans les Caraïbes, ce qui devrait nous permettre d’être plus en forme, de plus en profiter et peut-être de faire de belles rencontres à terre ou en mer. 4 mois avant la vilaine saison, et x mois pendant et après, pour nous permettre d’explorer les archipels de Polynésie, il y’a pire dans la vie… J



Un escalier bizarre

On est bientôt au bout de notre route en escalier, cap à l’ouest, puis au sud, … plusieurs fois depuis le départ, et une dernière marche nous attend vers le sud de la Polynésie. En gros, depuis les Saintes Maries, nous avons mis cap à l’ouest vers Gibraltar, puis cap au Sud vers les Canaries et le Cap vert, puis Ouest vers la Martinique, puis Sud vers Grenade, puis Ouest vers Panama, puis Sud vers Galapagos, et Ouest vers les Marquises.





Envie de vraies vacances ? ou envie de rentrer ?

On aurait, surtout moi, bien eu besoin de repos, sans enfants, loin du bateau, sans penser à rien, sans avoir à anticiper, organiser, faire l’école, exécuter les tâches ménagères… Le voilier est un lieu exigu, où l’intimité n’existe pas, il n y’a aucun moyen de s’isoler, pas d’échappatoire, à part se jeter à l’eau et nager. Et même là, il y’a un risque d’être poursuivi par un schtroumpf qui comme par hasard aura eu envie de se baigner au même moment. Rien d’extraordinaire donc, c’est comme à la maison, mais en plus difficile… Car même s’ils sont de plus en plus dégourdis grâce au voyage, il y’a beaucoup de choses qu’ils ne peuvent pas faire eux-mêmes dans le bateau, des choses quotidiennes qui ne posent pas de problème à la maison. Allumer la lumière dans les toilettes, tirer la chasse, ouvrir le frigo en navigation, accéder à certains placards… je suis donc sollicitée en permanence, c’est usant, et je souffre de ne pas avoir assez de temps pour moi.

Je rêve certains jours d’une vraie douche, sans me demander s’il y’a assez d’eau, s’il fait froid, si le vent va emporter ma serviette, ou si le roulis va faire tomber le savon à la mer… on parvient encore à se gérer soi-même, mais il faut anticiper les mêmes choses pour les enfants.



Ras le bol lorsque la fatigue est présente, de soulever les lits pour aller chercher un objet dans le coffre, de systématiquement avoir besoin du truc enfoui sous d’autres qu’il faut enlever puis reranger dans le bon ordre, sinon le placard ne ferme plus.

Marre de toujours éponger les fonds, gasoil, eau douce, ou eau de mer toujours à l’arrière dans notre cabine et celle de Louna malgré la réparation du safran (ça vient d’ailleurs ?), où heureusement tout est stocké dans des caisses plastiques.





La propreté

Au bout d’une année de voyage, le voilier n’est pas en très bon état, point de vue propreté. Après les quelques mois dans la région de Panama au taux d’humidité proche de 100%, beaucoup d’objets ont rouillés, et surtout beaucoup de tissus ont moisi. La lessive quotidienne des vêtements n’est pas trop contraignante, elle demande du temps mais ça va, par contre on aurait bien besoin d’une bonne machine à laver pour les draps, oreillers, coussins qui ont eu droit à des douches d’eau salée,… Impossible de tenir un voilier propre, puisque dessalinisateur ou pas, on a peu d’eau douce. L’aspirateur de bord consomme de l’énergie et n’est pas très efficace dans les coins. Et puis il y’a les câles, les trappes, les fonds de coffres et de placard difficiles d’accès.



L’école et les enfants

En prime il faut faire l’école. C’est toujours délicat, et rares sont les matinées qui ne se terminent pas dans les larmes, le ras le bol, et l’envie de les mettre en classe pour ne plus avoir à gérer cette corvée. Je suis très inquiète quant à leur retour dans le milieu scolaire. Evidemment ils seront les premiers en géographie, en natation, en biologie marine et identification des poissons tropicaux, en écologie et économie des ressources… mais ce n’est pas ce qu’on leur demande dans le cadre de notre éducation française si exigüe, qui veut que tous les enfants soient identiques, c’est plus pratique pour les ranger dans des cases. J’espère qu’ils ne souffriront pas d’être différents. En tant qu’adulte on sait que la différence est une force, mais un enfant confronté à ses copains de cours d’école ou de la rue, a envie d’être comme eux. Pourvu qu’ils s’adaptent vite, tout en souhaitant qu’ils gardent un décalage, une facilité d’adaptation et une ouverture d’esprit pour le reste de leur vie. A nous de leur montrer le positif de cette différence, et comment ils peuvent en tirer bénéfice auprès de leurs copains.

Faire l’école s’avère bien plus difficile que ce que j’avais imaginé. Le bateau, les réparations, les préparations des navigations et recherche d’infos sur les destinations, la préparation des repas, lessive, courses, remplissage du gaz, plein d’essence… bref, le quotidien qui prend beaucoup de temps, et bien plus qu’à terre, il faut être multitâche, les matinées sont trop remplies. Il y’a aussi certaines régions comme à Panama, lorsqu’il fait 31 ou 33° dans le bateau dès 8h du matin, malgré les tauds de soleil tendus sur le pont, les gouttes de sueur tombent sans bouger, les mains collent aux cahiers, et il est vraiment difficile, voire impossible d’étudier. Ensuite dans les îles montagneuses, souvent le ciel est dégagé le matin, et les nuages arrivent l’après-midi, alors comme on n’est pas parti en voyage pour passer son temps enfermés dans le bateau, on sort plutôt le matin pour profiter du soleil, donc soit on écourte les matinées d’école, soit on les transfère sur l’après-midi, sachant que Manoa est moins réceptif en fin de journée. Heureusement on vit avec le soleil et tout le monde est debout vers 6h, 6h30 maximum. Il n’y a pas de vacances scolaires, pas comme on l’entend sur le calendrier, mais des coupures obligatoires rythmées par la nécessité du voyage : avitaillement ou réparations importantes avant ou après de grandes navigations, passage du canal de Panama…

Le bateau semble être souvent une frustation pour eux, ils ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont, ils ne sont pas assez grands pour comprendre le fabuleux voyage que l’on a entrepris. Ils parlent beaucoup (surtout Manoa qui a plus de souvenirs) de la maison, de leurs jouets, de leurs copains, certains membres de la famille, et des choses qu’on faisait en France. Evidemment les journées où l’on fait du snorkeling pendant des heures, ou baignade et plage… ils ne réclament pas la maison. Mais ces journées représentent moins de 10% du temps. Quels souvenirs vont-ils retenir de ce périple ? et les souvenirs seront-ils bons ? j’en doute un peu, mais bon, on verra. Je trouve aussi qu’avec le voyage ils ont oublié quelques règles, ils sont moins polis, sont devenus un peu ‘sauvages’ lorsqu’on se retrouve en public, ou dans un magasin, des attitudes qu’ils n’avaient pas avant. Ils ont acquis des libertés, et ce n’est pas toujours dans le bon sens… les codes ne sont plus les mêmes qu’à terre. Seraient-ils devenus des ‘sâles gosses’ ?...



Les rencontres, depuis les Antilles et la séparation de nos amis espagnols à Bonaire, se font rares, presque inexistantes. Une seule rencontre à Portobello d’une famille en catamaran, mais c’est tout. On est seuls. On s’en doutait, il y’a peu de bateaux famille qui font route vers le Pacifique, et la majorité sont partis bien avant nous. Ce n’est pas très grave, c’est surtout dommage pour les enfants, on espère qu’ici avec des escales plus longues, on va à nouveau se faire des copains, et puis enfin finie la barrière de la langue. On espère pouvoir mettre un peu les enfants à l’école aux Marquises, puis ensuite aux Tuamotu et dans une des îles de la Société. Ca sera bénéfique pour tout le monde, et ils auront des copains. Dès que l’on discute avec quelqu’un dans la rue, Manoa nous dit ‘bon ça y’est ils viennent prendre l’apéro ce soir ?’.



Nous avons eu peu de visites depuis notre départ. Deux fois de la famille (mes parents) et deux fois des copains. C’est dommage, on pensait que plus de gens nous auraient rejoints, notamment en Martinique où c’était facile puisqu’on savait que l’on allait y rester un bon mois. Mais ensuite, c’est vrai qu’entre le prix des billets d’avion et la difficulté de nous retrouver dans un lieu à une date précise… les rendez-vous en voilier sont délicats. Peut-être du côté de Tahiti, on espère retrouver quelques copains qui auront cassé leur tirelire pour un vol vers les îles du Pacifique.





Nombre de coups de pompe : il ne s’agit pas là des coups de fatigue, mais des coups de pompe manuelle, pour les toilettes. Les enfants sont trop petits pour pomper eux-mêmes, la pompe est trop haute et ils n’ont pas assez de force. Manoa commence mais ce n’est pas évident, et en madame qui aime les choses parfaites, il faut de toute façon que je passe derrière.

20 fois par jour,  environ 15 coups de pompe à chaque fois.

donc 15 x 20 x 365 = 109 500

Avec tout ça on devrait avoir les bras bien musclés !!

Incroyable ! Quelle économie d’eau douce pendant le voyage, plutôt que tirer la chasse d'eau si o était resté à la maison.





Les problèmes mécaniques et pannes diverses ont été nombreux pendant cette année de voyage, ils ont entamé le budget et le moral. Plus nombreux que sur la plupart des autres voiliers, du à l’âge du bateau sans doute, car ce n’est pas faute de le bichonner. Cela ne nous a pas empêché d’arriver jusqu’en Polynésie, mais à chaque fois le moral de l’équipage a été mis à dure épreuve. Lorsque le voilier se transforme en boîte à outils géante, on est bien loin du concept rêvé des vacances. Beaucoup de temps perdu, du temps que l’on aurait pu consacrer à la visite d’îles, mais surtout du temps que l’on aurait pu passer avec les enfants, à jouer, discuter, se balader…







Budget

Détail des dépenses dans le fichier Excel : depenses-voyage

Alimentation / mois : moyenne 580 € depuis avril. Moyenne sur l’année : 540 € mensuel. Notre périple ne nous a pas emmené dans des pays pauvres à part le Cap Vert et quelques régions de Panama, donc dans l’ensemble le budget alimentation est aussi élevé qu’en France. Même dans certaines îles antillaises où le niveau de vie est bas, les produits alimentaires sont très chers.

Port / clearence : 350€/mois clearence Grenadines, clearence Grenade, bouées Bonaire, clearence + permis de navigation Panama, marina Colon, et l’entrée aux Galapagos. Ce poste est très élevé en juin et juillet (Panama Galapagos), quasiment nul le reste du temps. Clearence gratuite en Polynésie.

Réparation / entretien voilier / accastillage : avril 800 / mai 250 / juin 240 / juillet 30 – moyenne 330€

Loisirs / excursions / souvenirs : moyenne 75 € /mois

Gasoil / essence / gaz : moyenne 140€ / mois, dont 30% pour le gaz

Téléphone / internet : moyenne 24€ /mois



Total par mois entre avril et juillet : 1500 €

Total par mois sur l’année complète entre août 2013 et août 2014 : 1630 €

Somme faramineuse, à laquelle il faut ajouter l’assurance du voilier (Responsabilité Civile uniquement + rapatriement 630€ annuel), l’assurance santé (560€ par trimestre), ce qui monte le total mensuel à ~1800 €

Il y’a des escales où l’on ne dépense rien comme aux San Blas, d’autres où on passe son temps la main dans le portefeuille, c’est comme ça. On ne dépense rien en navigation, mais à l’arrivée il y’a toujours des frais de réparations ou d’entretien.



Merci aux généreux donateurs, nombreux, avant le départ, et pendant le voyage.





Moteur / gasoil

Nombre d’heures moteur sur 1 an : 366 heures

Soit environ 915 litres (consommation de 2,5 litre à l’heure), ce qui est bien inférieur à ce qu’on utilise à terre sur une année pour nourrir la voiture et aller travailler ou partir en week-end.





Le voyage et les îles

Calcul comparatif sur le voyage en lui-même.

Pour faire ce périple, en gardant notre statut de salarié privé, au rythme de 3 semaines de voyage par an (sur les 5 de congés payés), il nous aurait fallu 17 ans pour voir tout ça ! Et on n’a pas fini. C’est certain, on a pris de l’avance… Et c’est très bien comme ça, aucun regret, quand on sera vieux et malade ou les deux, ça sera trop tard.



J’ai commencé du côté de Panama à compter le nombre d’îles que l’on a ‘visité’, pas seulement celles que l’on a vu, mais celles sur lesquelles on  a réellement posé le pied depuis notre départ (je pense notamment à une île au cap vert où l’on n’a pas pu débarquer en raison d’une trop forte houle), îles explorées pendant plusieurs semaines ou juste pour quelques heures. Je n’y arrivais pas, pas assez de doigts dans la main, pas assez de mains.

J’ai donc pris un papier et un crayon, et me voici avec une liste supplémentaire (j’aime bien les listes), celle des îles parcourues avec MOANA depuis août 2013.

Voici pour mémoire (et pour Guy), les îles, par ordre chronologique, classées par archipel. Je suis la seule à bord à établir une liste exhaustive rien qu’en puisant dans mes souvenirs, et je suis capable d’y mettre quasiment toutes les dates d’escale. Selon Guy, c’est pour ça que je suis toujours débordée, en fait c’est ma tête qui déborde.

(Baléares 5) Minorque, Majorque, Ibiza, Espalmador, Formentera

(sud Espagne 1) Tabarca

(Canaries 3) Graciosa, Lanzarote, Grande Canarie

(Cap Vert 4) Sal, Boa Vista, Sal Rei, Santiago

(Petites Antilles 2) Martinique, Sainte Lucie

(Grenadines 10) Bequia, Petit Nevis, Canouan, Mayreau, Petit Bateau, Jamesby, Baradal, Petit Tabac, Union, Morpion

(état de Grenade 5) Cariacou, Sandy, Saline, Ronde, Grenade

(Hollande 1) Bonaire

(San Blas 15) Porvenir, Sail Rock, Coco Bandero Cays 4, Holandes Cays 3, Lemon Cays 2, îlots 4

(Las Perlas 5) Cantadora, Bartolomé, Chapera, Rey, Espiritu Santo

(Galapagos 2) San Cristobal, Lobos

53 îles, bon sang ça donne le tournis !

Nos coups de cœur vont en premier pour les San Blas, première place du podium, et de loin. Le paradis … et à chaque fois que j’y pense mon estomac se sert, c’était tellement beau et on a vraiment vécu 2 semaines de rêve  et de quiétude là-bas, coupés du monde.

En second vient Bonaire, l’aquarium géant, des fonds et une vie sous-marine comme on en a rarement vu, la douceur de l’île et de ses habitants.

En troisième, les Tobago Cays, paysage à couper le souffle, îlots verts aux plages de sable blanc, au milieu d’un immense lagon turquoise aussi beau le jour que les nuits de pleine lune.

En quatrième Petit Nevis, ce fut notre île pour deux jours, notre petit monde rien qu’à nous, c’est là que Manoa et Louna pour la première fois ont fait du snorkeling, c’est là aussi que nous attendait le trésor de Jack le Pirate.

Malheureusement aucun de ces 4 lieux ne peut nous accueillir pour la vie, ni pour quelques années. A part Bonaire, mais en bon français, quitte à s’installer quelquepart, on préfère s’installer dans une île française.

Nous avons également adoré Minorque et Formentera (Baléares), mais pas assez basses en latitude pour nous.

La Martinique est pour l’instant hors classement.

Des îles… uniquement des îles. Pour mettre à profit le voilier, on n’avait pas envie de se balader sur les continents et de visiter des endroits accessibles par tous en voiture ou en avion.

Des îles, une île au bout du voyage… que trouverons-nous au bout de notre chemin ?

On serait tenté de faire comme notre gourou (maintenant que Guy a lu les livres de Moitessier, je peux dire ‘notre’), s’installer sur un motu, pourquoi pas finalement ? pour quelques années. Et redécouvrir le vrai travail, celui qui n’abrutit pas, qui ne stresse pas, qui ne pollue pas, qui est utile pour vivre et non pour ramener de l’argent aux actionnaires. Redécouvrir une vraie vie, en harmonie avec la Nature, et en prime se réveiller chaque matin devant un lagon aux couleurs étincelantes, tout en nuance de turquoise.

Mais… il faudrait qu’il y’ait une école pour les enfants, je ne peux pas continuer à faire la maîtresse. Et puis, peut-être a-t-on un peu peur ? oui sans doute. Faire une parenthèse de 2 ans c’est une chose, changer radicalement de vie en est une autre. La vie à l’Européenne est abrutissante et déshumanisante, sans aventure ni liberté, mais si facile, ordonnée, pleine de sécurité, et confortable.

Le paradis tropical a lui aussi son côté négatif, les cyclones, les tempêtes, les tsunamis, les éléments qui se déchainent, il n’ya pas de demi mesure, le paradis peut devenir l’enfer.

A méditer… la fin du voyage est encore loin, nous avons le temps d’y réfléchir.



La liberté

Vivre sur un voilier offre beaucoup plus de liberté qu’une vie terrestre. Moins que ce qu’on avait imaginé, malheureusement on ne peut pas naviguer toujours où on veut ou jeter l’ancre où on le souhaite, ce n’est pas aussi simple. Il y’a d’abord des mouillages réglementés dans certaines régions du globe, pour limiter (à tort ou à raison) l’impact sur l’environnement et nous prendre un peu d’argent au passage, ces règles là sont discutables. Ensuite il y’a les lois de la mer, et là on ne discute pas, on ne joue pas, on est obligé de se plier, respect de la météo, des saisons, la connaissance des lieux et de ses dangers… Malgré cela, on a tout de même le sentiment d’être libre la plupart du temps.

Les contraintes en mer sont fortes, mais ce ne sont pas les mêmes qu’à la maison. On n’a quasiment pas de contraintes horaires, et même si les journées sont courtes sous les tropiques et que le temps n’est pas élastique, on peut toujours remettre au lendemain ce qu’on n’a pas pu faire le jour même. La gestion du quotidien est souvent lourde, et les vraies journées de vacances sont peu nombreuses, maintenant on en est conscient, on a été déçu mais ce n’est plus le cas, il faut faire avec et profiter encore plus des bons moments.

Tout ce qu’on vit est plus intense, les mésaventures sont plus fortes mais les moments de bonheur sont plus forts aussi.

Ce qui est certain, c’est que malgré les inconvénients, les galères, les journées où rien ne va, le cadre de vie reste exceptionnel. C’est toujours appréciable d’être au mouillage, on vit dans un environnement qui est beau, ouvert, on respire, on a une vue exceptionnelle sur la Nature.

On profite d’une qualité de vie hors norme, sans pollution, sans maladie, sans file d’attente sur la route ou dans les magasins, et sans collègue de bureau désagréable L





La communication

Toujours compliqué d’avoir accès à internet, et quelquepart en contradiction avec notre vie coupée du monde. Les emails et la mise à jour du blog me demandent beaucoup de temps, mais comme je l’ai déjà expliqué à certains d’entre vous, le blog et les photos sont notre album au fil de l’eau, je le fais pour nous, pour les enfants, et pour vous depuis que l’on a conscience du nombre de personnes qui nous suivent.

Le fonctionnement est le même depuis les Baléares, une carte SIM que l’on insère dans le téléphone, que l’on connecte au PC. On traîne dans les bars wifi uniquement pour les chargements de cartes marines électroniques, les mises à jour des ordinateurs et les gros fichiers à télécharger sur Youtube, car la carte de téléphone prépayée reste chère et internet n’est pas illimité.

En Polynésie, nous n’aurons pas d’accès internet partout, la couverture réseau est en théorie assez bonne, mais déjà ici aux Marquises, le débit est très lent et ne me permet pas d’insérer beaucoup de photos dans les pages, et le réseau ne passe pas dans certaines baies. Aux tuamotus, on aura accès dans très peu d’atolls.

Vous pouvez toujours nous joindre par l’iridium (c’est gratuit pour vous), mais n’oubliez pas de signer, sinon on ne sait pas qui nous a écrit.

Mon PC donne des signes de fatigue, dû à son grand âge et surtout à l’humidité ambiante. Il ne voulait plus s’allumer à la fin de nos escales panaméennes humides et chaudes, et a retrouvé une seconde vie aux Galapagos sous un air plus frais et plus sec. Depuis il va bien, espérons que ça dure…







Le bilan est positif malgré tous les aspects sombres que je viens de décrire, c’est parce que je ne reparle pas des coins magnifiques où l’on a été, des merveilles découvertes sous l’eau, des moments forts, qui sont racontés et représentés en images tout le long du blog, et que l’on s’efforce de garder à l’esprit, afin d’occulter le négatif (sans l’oublier) et de continuer l’Aventure.

Et à moins que l’on nous ait menti sur la Polynésie, pour ce qui est des beaux paysages, ce n’est pas fini…

A bientôt pour de nouvelles aventures.



Les MOANA prêts pour explorer le Pacifique Sud.







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vendredi 1 août 2014

Nuku-Hiva : l'île généreuse



Il règne aux Marquises une douceur de vivre exceptionnelle, c'est envoûtant.

Les marquisiens sont accueillants, charmants, très doux, et très posés.

Difficile d'imaginer qu'il y'a à peine deux siècles ils étaient encore cannibales !

Ils s'intéressent à ce qu'on fait, on échange facilement. Et quel plaisir de parler français, c'est si facile, on en avait marre de rien comprendre en espagnol, c'était usant. ça fait bizarre de parler français de l'autre côté de la planète. Et c'est encore plus étrange de trouver des billets et des pièces où il est noté 'république française'. On se balade avec des milliers en poche, puisque le franc polynésien n'est pas très fort. 1 euro = 119 FP

Les marquisiens ont tous au moins un tatouage, sur les bras, le corps, le visage, le tatouage revêt un sens profond, héritage d'une culture millénaire, les dessins sont très esthétiques, on aurait presque envie de repartir d'ici avec le nôtre...

Aux Marquises, la culture et les traditions sont encore bien présentes, on vit de la pêche, de la chasse, de l'agriculture, de l'artisanat et un peu de tourisme.


carte de l'île de Nuku-Hiva, les endroits où l'on est allé




  
Baie de Taiohaé

Arrivée le mercredi 13 août.

Nous avons effectué notre clearence d'entrée à la gendarmerie, passeports et papiers du bateau. C'est gratuit, en réalité ça coûte environ 60 centimes d'euros, juste le prix du timbre pour envoyer le papier à Tahiti.

Ancrage à Taiohaé, le plus grand village de Nuku-Hiva. Ailleurs dans l'île, ce ne sont que des hameaux isolés, une maison, trois maisons, ou quelques villages tout petits, enclavés dans les vallées, souvent sans route carrossable. Les trajets se font à pied, à cheval ou en bateau. 

L'urbanisation n'existe pas ici.

Taiohaé est aussi le plus grand village des Marquises, capitale administrative de l'archipel. Pour les habitants, c'est la 'grande ville'.

Les Marquises sont un peu à part du reste de la Polynésie, autres paysages, une culture plus forte et plus présente,...



Les îles sont tournées vers la terre et pas vers la mer, le relief est escarpé, les vallées encaissées, les baies entourées de montagnes abruptes ou falaises vertigineuses.

L'eau est verte ou marron, sauf le jour de l'arrivée où l'on a eu de la chance d'avoir de l'eau bleue et claire. Nous sommes en fin de saison des pluies, et bien que les Marquises aient la réputation de recevoir beaucoup d'eau venue du ciel, nous aurons quelques grains ridicules, le temps de fermer tous les hublots et en général le robinet est déjà coupé. D'après les Marquisiens il a plu peu cette année. La saison des pluies aux Marquises va de juin à août. Pas de cyclones ici.

Il y'a toujours de la houle, donc du roulis, il est indispensable de mettre une ancre à l'arrière pour rester face à la houle, car le vent lui tourne dans tous les sens.


L'Aranui est la 'goélette' qui part de Tahiti et fait le tour des archipels de Polynésie toutes les 3 semaines. Le bateau arrive à Nuku-Hiva dans la baie de Taiohaé un mardi sur trois, après plusieurs jours de mer. Il transporte du frêt, de l'avitaillement pour les magasins et épiceries et des passagers polynésiens. Les touristes qui viennent aux Marquises quelques jours le font en avion, c'est plus cher mais plus rapide, il y'a un petit aérodrome au nord de l'île. 



Comme ailleurs dans les DOM-TOM, la majorité des marchandises sont importées de France métropolitaine, ça commence à faire loin... on a trouvé beaucoup de produits de la marque Intermarché, incroyable ! Même vu du jambon de Savoie, ça frise le ridicule. Ils importent également des produits de Nouvelle Zélande, c'est moins loin.

Ce n'est pas plus cher qu'en Martinique, en Guyane (ou à Paris), il faut évidemment éviter de vouloir manger comme chez nous. Les produits laitiers ne sont pas fabriqués ici, pourtant il y'a des chèvres sauvages dans toute l'île, et des élevages de vaches. Ils importent également les aliments confectionnés en métropole, ou légumes typiquement français.

Concernant le vin, aie, là on ne pourra pas refaire notre réserve, car la moindre bouteille coûte au minimum l'équivalent de 20 euros. Alors, il ne nous reste plus qu'à nous mettre à la bière, bof. Quant au rhum, heureusement qu'on a fait un gros plein en Martinique. Espérons que les douaniers ne nous visitent pas, il y a peu de risques, le bateau des douanes s'est échoué il y'a 2 mois sur un récif des tuamotus, après avoir confisqué (et siroté) l'alcool d'un voilier...

Beaucoup de fruits ici, ça pousse tout seul, la nature est généreuse, les branches des arbres sont alourdies par les fruits, mais peu de légumes, ça demande trop de travail (!?) et certaines cultures ne sont pas adaptées à la terre d'ici. Les tomates par exemple, qui chez nous sont si faciles à faire pousser, sont attaquées ici par une race de mouche qui les grignote.

Entre la non-envie de certains habitants (il fait trop chaud) et la non-volonté du gouvernement qui gagne bien plus d'argent à importer les produits (donc, même là au bout du monde où on a la tête en bas, on marche sur la tête !), c'est stupide, et pas écologique, rien n'est fait pour garder les jeunes, et comme partout ils préfèrent aller vivre à Tahiti et boire de la bière, plutôt que de rester aux Marquises ou dans les autres archipels moins développés. 


 la baie de Taiohaé, plage principale, sable noir


les vagues qui se fracassent contre les digues, par forte houle, ou fort vent, la route est régulièrement arrosée





 une petite vahiné :

les tikis, très présents aux Marquises, sont un symbole très fort de la civilisation polynésienne.

Ils sont tous différents, des ventres plus ou moins gros, des yeux sur le côté ou au milieu du visage... 

site archéologique Tohua Koeva, restauré pour les festival des arts des Marquises en 1999





Tous ces tikis sont des 'faux', sculptés par les marquisiens. les vrais tikis nous n'en verront pas, car d'après les habitants on ne peut pas les approcher, ils dégagent une force qui laisse les humains à distance, on ne peut pas non plus les déplacer sans risquer de s'attirer de graves ennuis venant d'un monde qui nous dépasse et méconnu de nous 'homme civilisé' sans croyance, le tiki protège, la maison et leurs habitants.

Mais on n'a pas pu savoir ce qu'ils représentent, pourquoi ils sont comme ça avec leurs gros yeux d'extra-terrestres,... les marquisiens ne savent pas ? ou ne veulent pas nous révéler leurs secrets.



chèvres sauvages dans les falaises, 
les habitants les tuent et en font un plat typique d'ici, la chèvre au lait de coco



l'entrée du parc de la cathédrale de Taiohaé

 un banian géant



le snack vaeaki, en face du quai où l'on pose les annexes

régulièrement des marquisiens viennent jouer du ukulélé et de la guitare, et chanter


plage de sable gris près de notre mouillage, la plage n'existe qu'à marée basse et l'eau n'est pas très claire. comme ça on ne voit pas les requins...




Il y'a beaucoup de raies mantas dans la baie, on les verra souvent depuis le pont du bateau ou depuis l'annexe, nager gracieusement, leurs deux ailes dépassent de l'eau à un rythme cadencé, c'est beau, elles sont très gracieuses et d'une envergure pouvant atteindre 2 mètres. On a hâte de nager avec elles.

Il y'a aussi beaucoup de requins, d'abord parce que dans le Pacifique le requin est le roi, d'après les amis on en verra partout en snorkeling, il faut s'y habituer car ils font partie du paysage, pas de danger particulier, d'autant qu'on ne pratique pas la pêche sous-marine. Ici à Taiohaé, il y'a tout de même un spectacle impressionnant auquel on assistera une fois, les pêcheurs reviennent de leur journée en mer, et vident le poisson depuis le quai où l'on pose les annexes et jettent les morceaux dans l'eau. Du coup les requins ont un excellent repas, et on en a vu 3 d'une bonne taille entre 1m50 et 2m se jeter sur les morceaux tout le temps du nettoyage des poissons, miam ! Il y'a pourtant une pancarte marquée 'interdit de nourrir les requins'. On y pense quand on monte dans l'annexe, et on évite de laisser traîner les pieds dans l'eau. Pour autant, il y'a des surfeurs dans la baie de Taiohaé, pas de soucis, mais ils tapent la planche dans l'eau régulièrement pour faire fuir les requins.



Nous avons fait de belles rencontres de bateaux copains dès notre arrivée à Nuku-Hiva.

Un voilier nommé Black Pearl... du même nom que le bateau de Jack le Pirate, voilà qui intéresse Manoa. Coraline et Laurent, qui vont s'arrêter ici pour une année, lui est agronome et va faire le professeur dans le lycée professionnel du village, elle donne des cours de danse et se lance dans la confection de yaourts pour les habitants de Taiohaé, on les a goûté, un régal !

Un catamaran géant Marick construit par deux retraités pendant près de 15 ans dans leur jardin à Uzès, Patrick et Martine. Ils sont en Polynésie depuis quelques mois, sont arrivés aux Gambier depuis l'île de Pâques et sont remontés ensuite sur les Marquises.

merci à Martine pour la confection des colliers des enfants, étoile de mer pour Louna, vertèbre de requin pour Manoa, la classe !



Et pleins d'autres rencontres de copains bateaux, ça nous change, car depuis le sud des Antilles, on ne voyait quasiment personne. On retrouve une bonne ambiance et une entraide au mouillage.

Nous avons passé plus d'une semaine à Taiohaé, ranger le bateau, nettoyer après trois semaines de mer. Il faut se réadapter à une vie 'civilisée' sur un mode nuit/jour classique.

Prendre ses marques aux Marquises, faire la connaissance des habitants, le marché...

Le gaz : nos bouteilles françaises ne sont pas échangeables ici, ce n'est pas une surprise. Comme deux d'entre elles sont très rouillées (la dernière a failli ne pas s'ouvrir pendant la trans-pacifique), on les jette et on achète deux bouteilles polynésiennes que l'on pourra échanger partout dans les archipels. On transvase le gaz dans la bouteille française restante, ça fonctionne très bien.


baie d'Anaho

Départ pour la baie d'Anaho, au nord de l'île.

Après une navigation de quelques heures contre le vent, puis vent de travers sur la côte Est de Nuku-Hiva, nous approchons d'Anaho.

La végétation est différente du sud de l'île. On trouve des montagnes sans arbres, ou alors quelques arbustes tout secs.

D'après un jeune marquisien (25 ans ?) rencontré ici, il pleut beaucoup moins depuis une vingtaine d'années, et cette montagne marron que l'on voit au premier plan était verte lorsqu'il était petit. 



La baie d'Anaho est en arrondi, on ancre à l'extrémité nord-ouest de la baie, ce qui fait qu'on est totalement protégé de la houle, et du mouillage on ne voit plus l'océan.

Le mouillage est très calme, très reposant, on sera seuls pendant plusieurs jours, pas de houle, pas de nécessité de mettre une ancre à l'arrière.



Anaho est notre préférée de Nuku-Hiva, pour son calme, pour ses abords aux falaises vertigineuses, et parce que l'eau ici est bleue et transparente, il y'a un platier de corail tout le long de la côte ouest de la baie (très rare aux Marquises), avec une passe pour les annexes. Et au sud, deux magnifiques plages pour jouer et se baigner, il faut par contre là laisser l'annexe à l'ancre, le débarquement est impossible à cause des vagues.


Le panorama est fantastique. 

 le platier de corail et la passe balisée pour les bateaux de pêche et annexes

les belles couleurs sur le corail, à marée haute



  les plages du sud, sans corail, mais avec leurs petites vagues

Il faut laisser l'annexe à l'ancre et sauter à l'eau, on ne peut pas débarquer à cause des vagues. Certains jours elles sont plus grosses, et un matin, on avait ancré trop près du rivage, l'annexe est montée à la verticale, et s'est retournée ! Le moteur a donc pris un bain d'eau salée. On a récupéré tout ce qui était tombé à l'eau et Guy a ouvert le moteur et fait sécher le maximum de pièces, au bout d'une heure ouf il a redémarré. Puis au bateau, triple vidange car il y'avait de l'eau dans l'huile. Depuis il ronronne et fonctionne très bien.







On est en face de l'entrée de la baie, vue sur l'océan

Rencontre avec Ludivine et Michel, deux enfants marquisiens en famille dans leur 'cabanon' pour le week-end. Ils habitent la vallée d'à côté à Hatiheu. 

Michel était ravi de pouvoir profiter du masque et tuba et il a passé beaucoup de temps dans l'eau.

Ludivine, plus grande a emmené Manoa en snorkeling voir une pieuvre dans les rochers et a beaucoup joué avec Louna.




voici la baie d'Anaho vue de l'extrémité sud-est. MOANA est ancré tout au bout, on ne le distingue pas.



Il y'a dans la passe, beaucoup de raies pastenagues, attention à ne pas marcher dessus, elles ne s'enfuient pas très vite. On a vu également un bébé requin. 



Un peu de snorkeling en famille sur le platier de corail à marée haute, un régal, et ça nous manquait depuis les San Blas.


Louna a eu un compagnon tout le temps de la séance de snorkeling, il l'a suivi sur son dos.



  un poisson picasso



 un couple de poissons zancles cocher cornu

Une soirée improvisée à la pension d'Anaho. Nous avons été invités par Raymond et Hinano qui tiennent la pension. Nous les rencontrons sur la plage en fin de journée, Raymond est entrain de vider le poisson et comme on avait déjà fait la connaissance de Lucas et Anaïs (qui passaient quelques jours ici dans un bungalow de la pension), nous voilà invité au restaurant.




Un repas gargantuesque, poisson cru, poisson grillé (pêchés l'après-midi même), poulet, puis youkoulélé et guitare.

Inoubliable.

Le retour de nuit au bateau fut inoubliable aussi. D'abord il faut rejoindre la plage sans marcher dans les trous des crabes de cocotiers, et sans se faire pincer. Ensuite, nous avions laissé l'annexe dans environ 1m d'eau, mais ce ne fut pas suffisant pour contrer la marée descendante. L'annexe était donc scotchée dans le sable à environ 20m de la mer. On a laissé les enfants sur la plage avec une lampe de poche et ordre de ne pas s'approcher de l'eau à cause des raies et du corail coupant. Et nous voilà entrain de tirer et pousser notre grosse annexe. Une fois l'annexe flottant, on récupère Manoa et Louna et ensuite en route pour la passe, avec la frontale impossible de distinguer les bouées. Quelques patates de corail plus tard, du clapot et des embruns car le vent s'est levé, nous voici en sécurité sur MOANA, ouf.


baie Haatuatua

balade à la baie d'Haatuatua depuis Anaho, une petite heure de marche.

Avant la plage, il y'a un verger et des cultures de légumes.

Il y'a des tomates cerises, des courgettes, des aubergines... et plein de fruits.

Mais on achètera rien car les propriétaires sont absents pour deux jours, ils sont allés vendre leurs produits dans la vallée adjacente.




et voici la plage d'Haatuatua, rien de comparable avec le calme d'Anaho, ici c'est vent de face, baie ouverte à l'Est, vagues, algues et déchets ramenés du large par le vent et les courants. Selon la saison cette plage est très dangereuse à la baignade à cause des méduses.





On fait la connaissance de Bernard et Laetitia, déjà aperçu sur la plage de Taiohaé, parents des deux petites têtes blondes Antoine et Arthur. Ils habitent à Taiohaé, elle est médecin et travaille à l'hôpital pour une année. Ils sont venus passer le week-end à la pension de Raymond à Anaho, et en balade comme nous à Haatuatua.




Leur voilier est ancré à côté de nous lorsqu'on était à Taiohaé, ils sont terriens pendant le contrat de Laetitia, mais vont repartir naviguer dans quelques mois vers les Tuamotu et la Société où on espère les retrouver.


navigation côte nord  

Passage devant la vallée de Tikehau, juste à côté d'Anaho. encore des falaises et des pics.




l'aérodrome de Nuku-Hiva

l'avion décolle

région aride, on appelle ce coin les 'terres désertes'

et on entre dans la baie Haahopu, petite baie sur la côte ouest.



Il y'a de la place pour 2 ou 3 voiliers maximum, mais on est tout seuls, tant mieux car le vent change de direction sans arrêt.



Les collines sont très arides. Tout est très sec. On se croirait dans le maquis corse, les arbustes piquent les jambes. Pas un nuage, ciel bleu profond, une chaleur pesante, peu de vent.

Pas d'habitation ici, pas d'eau.

 mini dunes de sable sur la plage. jeux et baignade pour se rafraîchir.



 la baie et MOANA vus d'en haut



Le lendemain on reprend notre navigation chaotique sur la côte ouest, c'est une succession de forts coups de vent ou de calmes plats.

On voit ici la crête des montagnes de Nuku-Hiva, environ 1200m de haut, avec des vallées très encaissées.



 une bonite ! juste avant d'arriver à Hakatea.


voici l'entrée de la baie d'Hakatea au sud-ouest de Nuku-Hiva, d'ailleurs on se demande où  est l'entrée, c'est étroit et avec la forte houle de travers et le courant, c'est un peu angoissant.




baie Hakatea




Une fois entrée dans la baie, profonde, c'est le calme plat, contraste tranchant avec le bouillonnement à l'extérieur. Ici, la houle est cassée, on est bien protégé.

On retrouve le catamaran Marick de Martine et Patrick.

Le soleil se couche vers 18h, mais avec la falaise, la baie est à l'ombre à partir de 16h30, les journées sont très courtes.

 la plage au bout de la baie :

comme à Anaho, depuis le mouillage, on ne voit pas la sortie, l'océan a disparu, part où es-t-on entré ? par où allons-nous ressortir ? Les premiers arrivants explorateurs ont du aussi se demander où ils s'engageaient, et s'ils allaient pouvoir faire demi-tour. Nous, on a les cartes.




Excursion à la cascade Vaipo avec Martine. Selon les guides, il est indiqué 2h aller, ou bien 3h aller/retour. 

Il y'a d'abord 20 minutes de marche jusqu'au village d'Hakaui. On passe la porte d'entrée :




vue de la baie depuis le cimetière du village. Il y'a là quelques ancêtres des habitants du village. Ils étaient 8000 avant que nous les blancs arrivent ici avec nos grandes idées et nos maladies, ils ne sont plus qu'une dizaine aujourd'hui... Le dernier a été enseveli en 1902.



 le village et la vallée d'Hakaui sont situés au pied de grandes falaises, le panorama est époustouflant.

 un ibiscus géant pour Louna

 traversée n°1 de la rivière, ça se reproduira souvent durant la balade.

 au milieu du village, une cabine téléphonique !

La nature ici est vraiment généreuse, tout est vert, à l'inverse du nord de l'île. Les papayers, manguiers, avocatiers, citronniers, bananiers... sont énormes et donnent à profusion.



voici un paé-paé avec un tiki, il y'en a plusieurs le long de cette vallée, plus ou moins grands, plus ou moins jolis, les 8000 ancêtres sont enterrés ici. On remarque que les arbres poussent très bien sur les tombes, l'engrais est bon.



allée royale, entre papayers et bananiers. Tout est bien entretenu, on se croirait dans le jardin d'Eden.



 une fois quitté le village (composé de 6 ou 7 habitations), nous entrons dans la forêt.


 encore une sorte de porte ! 




une grotte funéraire.

il y'a un cercueil dans la falaise en face, à 200m de haut. C'est un ancien roi. Il a été posé ici, grâce à un escalier fait de morceaux de bois posés dans la roche pour monter le cercueil, puis l'escalier a été détruit, le roi repose tranquillement, l'endroit est inaccessible, personne ne viendra le déranger.





on aperçoit la cascade, encore loin ! Pas beaucoup d'eau, il ne pleut pas suffisamment.

On pensait être bientôt arrivé, puisque l'on marche depuis deux heures, on est un peu découragé, on se perd dans les paé-paé, le sentier n'est plus visible, et on tombe dans un piège tendu par les moustiques. Guy traverse la rivière pour voir si le sentier reprend de l'autre côté, il y'a des cairns de partout, mais il semble que les gens les aient posés là par erreur, ils n'indiquent plus le chemin, et nous nous restons avec Martine sans bouger au bord de l'eau. Grave erreur ! on se fait attaquer par les moustiques. On a droit environ à 50 piqûres chacun, quel bonheur :(

On fait demi-tour et on retrouve le sentier non sans mal.

Louna à peine visible dans la végétation. Heureusement il n'y a pas de serpents aux Marquises.

 et on marche, on marche...




 Puis on atteint une sorte de canyons, le spectacle est grandiose, mais on en a plein les pattes.






et nous voici au pied de la cascade, chute d'eau tellement encaissée, que d'en bas on ne la voit plus !


 Manoa et les grimaces...


 baignade rapide, avant que le soleil disparaisse derrière les murs de pierre. Ici il fait nuit à 13h !

 voilà le bas de la cascade. En tout la chute d'eau fait 350 mètres de haut 


Le bassin est habité par des écrevisses (ou crevettes) géantes. Elles nous grignotent les pieds, ce qui n'amusent pas trop les enfants. On ouvre une coco pour l'apéro, pas bonne, donc elle sert de repas aux bébètes qui se régalent, et nous on est tranquilles.



 Pique-nique rapide, et on repart.


 Louna est fatiguée...

 encore un peu la force de sourire...

 grandiose ! belle vue à travers les branches

Nous n'avons pas l'heure, mais ces jolies fleurs jaunes orangées tombent à 16h tapantes. Très pratique comme montre.

 Un hibiscus tout blanc immaculé.

Nous voici de retour au village Hakaui peu après 16h.

Augustin le chasseur, aperçu le matin, nous attend, il a attaché ses chiens, et nous offre de l'eau de coco.

On est crevé, et on a hâte d'être au bateau, mais on ne peut pas refuser. 





Il fait de belles sculptures sur bois et sur os de cochon (à moins que ce soit des os humains...) 

Puis nous repartons avec des dizaines de fruits. Papayes, pamplemousses, bananes, citrons, avocats, tous énormes, on est chargés comme des mules !

Ensuite arrêt dans la maison de Monette et Mathias, ils tiennent un petit restaurant. 

Monette qui connait Martine depuis quelques jours nous a préparé une bonne citronnade.

C'est incroyable de voir une telle générosité de la part de gens que l'on ne connaissait pas, et qu'on ne reverra pas. Ils offrent, gratuitement, et n'attendent rien en retour. 

Les quelques habitants d'Hakaui vivent ici grâce à la chasse, la pêche, les fruits et quelques cultures, peut-être aussi un peu d'aide de l'état français ? oui surement.

Les touristes qui viennent à la cascade s'arrêtent chez eux pour un bon repas typique.

Ils vendent quelques fruits au marché à Taiohaé, et quelques cochons.

C'est un petit paradis, la mer, la rivière, la forêt et la nature si généreuse. Mais ce monde merveilleux a un prix. La vie y est rude, et les femmes (deux ?) sont à Taiohaé la semaine avec les enfants pour l'école (4h de marche par le sentier traversant la montagne). Ils sont coupés du monde mais ça leur convient, et ne souhaitent pas de route ni de chemin plus grand.

Dernière traversée de la rivière avant la nuit.



On rentre au voilier il est 17h30, partis le matin à 8h15, inutile de préciser qu'on ne veillera pas tard ce soir là... et toujours pas compris pourquoi on a mis autant de temps... était-ce la bonne cascade ? 


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On a fait le tour de l'île, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Très formateur point de vue navigation, toutes allures, tout types de vent, et de vagues. 

puis retour à Taiohaé pour avitaillement et internet, et rendez-vous avec les bateaux copains. 

Le réseau est mauvais aux Marquises, du coup internet dans le bateau avec la carte sim dans le téléphone comme à l'accoutumé, c'est très bien pour les emails mais pour le blog c'est une catastrophe, quasiment impossible de charger des photos. 90% du blog a été fait au bar wifi, au snack vaeaki à Taiohaé, au son de la radio locale, ou du youkoulélé et de la guitare, accompagné de jus d'ananas et de mangues... et les tikis à proximité pour les enfants (des faux sur lesquels ils peuvent monter et jouer) et petits jardins protégés de la route où ils peuvent gambader.

Du coup sur cette page figure moins (encore trop) de photos que d'habitude, sélectionnées, les plus belles ou celles méritant un commentaire, et les autres clichés sont dans le montage photo ci-dessous :

Photos dans le désordre volontairement, il s'agit d'un mélange organisé (clin d'oeil à Stéphane) afin de ne pas avoir toutes les photos de plage ensemble et toutes les photos de forêt ensemble.

La vidéo était accompagnée de la musique 'Les Marquises' de Jacques Brel, mais Youtube l'a censurée (droit d'auteur), c'est agaçant à la fin. Je veux bien payer quelques euros pour l'utilisation du morceau mais ils ne le proposent même pas. Vous pouvez donc la visionner mais sans musique, reste à sortir une vieille cassette audio ou un vieux 33 tour du Grand Jacques !






Paroles de la chanson 'LES MARQUISES' de Jacques Brel :

Ils parlent de la mort

comme tu parles d'un fruit,

Ils regardent la mer

comme tu regardes un puits.

Les femmes sont lassies

au soleil redouté,

et s'il n'y a pas d'hiver

cela n'est pas l'été.

La pluie est traversière

elle bat de grain en grain,

quelques vieux chevaux blancs

qui fredonnent Gauguin.

Et par manque de brise

le temps s'immobilise

aux Marquises.

Du soir montent des feux

et des points de silence,

qui vont s'élargissant

et la lune s'avance.

Et la mer se déchire

infiniment brisée,

par des rochers qui prient

des prénoms affolés.

Et puis plus loin des chiens

des chants de repentance,

et quelques pas de boeufs

et quelques pas de danse.

Et la nuit est soumise

et l'alysé se brise

aux Marquises.

Le rire est dans le coeur

le mot dans le regard,

le coeur est voyageur

l'avenir est au hasard.

Dépassent des cocotiers

qui écrivent des chants d'amour,

que les soeurs d'alentour

ignorent d'ignorer.

Les pirogues s'en vont

les pirogues s'en viennent,

et mes souvenirs deviennent

ce que les vieux en font.

Veux-tu que je te dise

gémir n'est pas de mise

aux Marquises.

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Chaque archipel de Polynésie a son langage. Aux Marquises, on parle le Marquisien, aux Tuamotu on parle le Paumotu, à la Société on parle le Tahitien, aux Gambier et aux Australes je ne sais pas. Evidemment ils parlent tous français, ce qui leur permet de se comprendre entre habitants de différents archipels.


quelques mots en français / tahitien / marquisien :

bonjour / ia ora na / kaohanui

bienvenue / maeva / mave mai

pirogue polynésienne / va'a / vaka



Après 3 semaines passées à Nuku-Hiva, nous continuons notre découverte des îles Marquises, départ pour Ua-Pou le jeudi 4 septembre, île située à 25 milles au sud-est.





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