Les Moana's

Les Moana's

mardi 17 juin 2014

Las Perlas : l'archipel oublié


du mardi 17 juin au vendredi 27 juin 2014



Navigation vers les îles

Un petit souffle du nord pour nous emmener depuis le mouillage de la Playita (au sud de Panama City) vers Cantadora, île du nord des Perlas. 


La lunettomania… 

on avance à 3,5 nœuds, il fait vraiment trop chaud… (vent faible et d’arrière)


On sera obligé de mettre le moteur en fin d’après-midi pour ne pas arriver de nuit. Le vent est trop faible.

L’archipel ‘les perles’ en espagnol, est un ensemble d’îles presque toutes désertes, situées dans le golfe de Panama. Un archipel très beau et très sauvage. 





Ce sont des îles d’origine volcanique, un mélange de roches, de sable et de forêt équatoriale. Chaque île est touffue et il est difficile de pénétrer dans la forêt.

Il n’y a quasiment pas de vent, et de violents oranges en cette saison.

Il y’a plus de pélicans que d’habitants.

Pénomène très important, un marnage de 5 à 6 mètres, encore plus pendant les grandes marées d’équinoxe. Le paysage change selon les marées, les presqu'îles deviennent des îles, les haut-fonds disparaissent, les plages sont englouties, les arbres trempent leurs branches dans l’eau.

Ces îles semblent oubliées des grands voyageurs, on ne verra que 6 voiliers durant nos 10 jours dans Les Perlas, dont 5 à Cantadora.



ILE CANTADORA : irréelle



Cantadora est l’île la plus habitée et la plus touristique. Son alternance de plages et de petites falaises qui forme des calanques nous font penser aux rivages des Baléares, on s’y croirait, on y parle espagnol, s’il n’y avait pas les palmiers et cette végétation dense pour nous rappeler sous quelles latitudes on est.






les hommes au boulot pour ramener l'annexe à l'eau 



Il y’a un aérodrome, quelques hôtels, des petits commerces, et beaucoup de superbes maisons secondaires habitées ou abandonnées, appartenant à de riches panaméens.

On surnommera Cantadora l’île Disney, car tout est surfait ici et tout parait irréel, et bien différent des autres îles de l’archipel. On y voit des agoutis, des biches dans les bois, une cabane dans les arbres, plein de choses bizarres… et les touristes se baladent dans des voiturettes, comme celles utilisées sur les golfs.





Un restaurant local :


 sur la route...



Au milieu de Cantadora, c’est de la forêt, plus ou moins dense. 



une cabane dans les arbres :


voiturette rose !


Cantadora est surprenante, surfaite, mais très jolie.

Ses habitants sont accueillants et souriants.

On a acheté une bouteille de gaz de 11kg (avec consigne, américaine car pas de possibilité de remplissage de nos bouteilles françaises ici), au moment où Guy la met sur l’épaule, bien décidé à la transporter et traverser l’île jusqu’à la seule plage du sud où l’on a pu débarquer (beaucoup de houle ce jour là), un gros pickup s’arrête, le conducteur et son ami nous proposent de nous emmener. Ca c’est très gentil et ça nous arrange bien.

Il s’agit du même pickup qui 3 minutes avant avaient fait un beau cadeau aux enfants, le monsieur leur a donné un joli toucan en bois, souvenir de Panama. Probablement que cette babiole l’embarrassait dans sa voiture, en tout cas il a fait deux heureux. Vraiment cool. 




La plage du bateau échoué, à l’Est de Cantadora.



La pointe verte, extrémité Est de l’île. Cette mini-plage n'existe pas à marée haute

La grande plage de la pointe verte. Vert, ou bleu clair, ce nom est dû à la roche de la même couleur. 


Plage privée pour nous, puisque l’accès ne se fait que par la mer.















 fleurs de cactus :



 Une belle collection de galets bleus et beiges :


ILE BARTOLOME : la belle 




L’île Bartolomé est toute petite, située au nord de Cantadora, accessible en annexe, à environ 1,5 milles.

Eau turquoise, trois plages de sable blanc étincelant au soleil, qui restent en partie découvertes même à marée haute, des rochers de couleur beige et vert.






vue sur Cantadora








Il y’a un immense flamboyant tout fleuri.




 Tour de l’île 











L'île est le royaume des oiseaux, des dizaines de pélicans, des grues, … ils tournoient autour des petites falaises, à la cime des arbres, et semblent ne pas être contents de voir des hommes troubler leur petit paradis désert. 





Goûter coco

On y passera une super après-midi, seuls.


La roche striée et colorée  



On a aperçu les souffles et les queues de deux baleines, entre Cantadora et Saboga.


ÎLE CHAPERA ou la pêche miraculeuse 



A marée haute, la plage est un fin trait qui se perd sous les arbres, à marée basse on découvre une  superbe plage de sable blanc étincelant au soleil.

Une île très sauvage, un lieu magique pour les enfants, terrain de jeu immense et toujours changeant grâce aux marées qui couvrent et découvrent les rochers.

L’annexe est ancrée dans le sable, ou dans l’eau.



En bordure de plage, une forêt dense.




















 le sol 




pélicans en V :


des punaises géantes :


Un poisson porc-épic pris dans les mailles du filet épervier de Guy




On le relâche.



Pêche magique depuis le bateau. 6 petits poissons, dont 1 qui servira d’appât pour les gros.



Et ça marche !


2 poissons trigger, un moyen et un gros de presque 3 kilos ramené par Jean-Pierre.




ILE ESPIRITU SANTO : ou l’Amazone



 A l’Est de la grande île Rey.



Le mouillage le plus calme qu’on aura fait aux Perlas.

En fait c’est si calme, pas de houle, pas de vaguelettes, pas de vent, qu’on a l’impression d’être sur un lac, ou sur un bras de l'Amazone, au milieu d'une immense fôret engloutie par les eaux. Il y’a quelques bandes de sable, des rios et de la mangrove qui s’enfoncent dans l’eau marron, sur l’île en face du mouillage. 

C’en est même angoissant, pas de bruit, pas de bateau, personne, on se demande s’il y’a de la vie quelque part dans les environs. Encore cette impression d’être coupés du monde. Après l’agitation du canal, c’est déroutant. 









  marée haute 


marée basse 












tour de l'île en annexe









On se demande comment la végétation a pu pousser sur ce bout de rocher :


Traversée de l’île par la forêt






ILE REY

L’île Rey est la plus grosse île de l’archipel.

On dépose Jean-Pierre au village San Miguel, pour qu’il prenne la navette qui le reconduira à Panama City. Ce sera aussi un choc pour lui, retour à la civilisation après ces quelques jours dans les îles, loin de l’agitation des villes.
Grosse île, gros village, on se dit qu’on va trouver ici de quoi faire notre dernier approvisionnement avant de continuer vers le sud et les Galapagos, refaire le plein de gasoil,… travailler sur le blog.
Mais non rien de tout ça, il n’y a que des pêcheurs, donc de l’essence mais pas de gasoil, pas de magasin, pas internet.


San Miguel est un village très pauvre, mais comme souvent dans les pays chauds, un village très coloré et des gens très accueillants. Les habitants sont un peu étonnés de nous voir débarquer ici en annexe au milieu des barques de pêche. 

Bienvenue à San Miguel !


les rues du village, spaghettis de fils electriques au milieu des habitations



des maisons bien colorées



voiture qui ne va plus rouler... mais rouiller


une perruche verte

jolis barques multicolores


Un enfant du village nous aide à pousser l'annexe, lorsqu’on repart plusieurs heures après, marée descendante, l’eau est loin… 

Au-revoir Jean-Pierre, bon retour en France, rdv en Polynésie peut-être...

Il retourne en navette vers Panama City, musique à fond à bord, ambiance garantie




L’orage

En remontant sur Cantadora depuis Espiritu Santo pour un petit avitaillement, et surtout le plein de gasoil et de gaz, on se fait rattraper par un gros orage.

Il y’a des éclairs de partout, et le tonnerre qui gronde.



  




Le rideau de pluie opaque et sombre finit par nous engloutir.

Le vent est monté à 30 nœuds lorsqu’on était en plein cœur de l’orage, ce n’est pas énorme, mais quand on par de zéro, monter à 30 en quelques minutes, ça fait beaucoup, et depuis un mois avec du vent au maximum à 5 nœuds, ça fait tout drôle d’entendre Eole nous hurler dans les oreilles.

Maintenant, le tonnerre ne gronde plus, il claque très fort, comme des détonations, la foudre tombe juste à côté de nous, tout autour. Les éclairs ne sont plus des flashs mais des grosses zébrures nettes et colorées qui imprègnent la rétine et nous aveuglent. Bon sang, notre mât est le seul truc à des milles à la ronde succeptible d’attirer la foudre… on a éteint tous les instruments électroniques, et on attend, on avance au moteur tout doucement contre les vagues et le vent qui vient presque de face. Manoa nous demande ce que ça donnerait si la foudre vient à tomber sur le mât, et bien, on se sait pas trop, mais on imagine que ce ne serait pas très cool, et on espère que ça n’arrivera pas. 





  
La mer est formée, les vagues et les embruns s’en donnent à cœur joie.



La visibilité est quasiment nulle, mais on sait, avant d’arrêter les instruments que l’on est suffisamment loin des îles et des îlots, pas de danger, et pas de haut-fonds dans les parages. 



On verra tout de même au plus fort de la tempête une barque de pêcheurs surgir de la brume, à 100 mètres de nous, ils nous ont fait peur car on ne les avait pas vu, eux oui sans doute. Leur moteur est au ralenti, les pêcheurs sont à l’abri sous des bâches, et ils attendent une accalmie pour rejoindre l’île Rey.

Le ciel est noir, on se demande quand tout ça va finir, on a perdu tous nos repères.

L’eau charie un tas de morceaux de bois, tout à coup on entend un choc sourd contre la coque, et on voit derrière un gros tronc d’arbre coupé en deux par l’hélice, ouf il n’a rien endommagé.

Ca durera à peu près 40 minutes qui nous ont semblé une éternité, puis les éclairs et l’orage nous dépassent. 

Etrange comme l’orage a mis plusieurs dizaines de minutes à nous rattraper, alors qu’en quelques secondes, le ciel se déchire, comme un rideau de théatre qui tombe, et l’horizon s’éclaircit, c’est fini, ouf.


devant



derrière : 


 vidéo de l'orage disponible dans la Note N° 13 VIDEOS




L’avitaillement pour le Pacifique

Gaz : on était toujours sur nos remplissages de Bonaire. Avec une nouvelle bouteille achetée à Cantadora, on aura assez de gaz  jusqu’aux Galapagos, où l’on espère pouvoir l’échanger pour ensuite tenir jusqu’aux Marquises.

Gasoil : depuis le passage du canal, on n'a pas racheté de carburant. On a donc fait le plein à Cantadora, toujours la même méthode, bidons amenés avec l’annexe sur la plage, et transport avec le diable jusqu’à la station essence, deux allers retour. Capacité des deux réservoirs 270 litres + 3 bidons de 20 litres. On sait que la zone entre Panama et les Galapagos n’est pas idéale pour la navigation, peu de vent, et vent contraire souvent à cette période. De plus, le courant n’est pas favorable au début du trajet. Bref, il vaut mieux avoir le plein de carburant.

Eau : deux jours avant de quitter l’archipel des perlas, on se rend compte que le dessalinisateur fonctionne mal… l’eau produite est de nouveau trop salée, comme au mois de mars. Consternation et incompréhension, puisque les membranes sont neuves, sans parler de tous les vilains mots qui partent en l’air. Guy y passe plus d’une journée, démontage des membranes, remontage, nettoyage des filtres, vérification des joints… toujours un bonheur de travailler par cette chaleur (33° dans le voilier, pas un brin d’air), la tête en bas, sous la cabine de Louna. Conclusion, une membrane est défectueuse (ou plutôt le joint ?) et une autre fonctionne bien. On restera donc comme ça jusqu’à nouvel ordre, pas trop le choix de toute façon, n’ayant pas de joint en spare. Une sur deux c’est déjà pas si mal, ça nous permet de produire 30 litres à l’heure. On récupérera quelques seaux d’eau de pluie la nuit qui précède le départ.

Courses : un peu d’avitaillement à Cantadora, il n’y a pas grand-chose et c’est très cher. Mais c’est suffisant, on sait de toute façon que vu la température et l’humidité les produits frais ne tiendront pas plus de 4 jours. On a rencontré un couple d’américains qui nous ont donné une quarantaine de boites de conserves ! On est obligé d’en caler partout, avec le vin, avec les bouteilles d’eau… le coffre réservé aux conserves est déjà archi plein. On a de quoi faire jusqu’aux Marquises, et même jusqu’aux Tuamotu sans problème. Quant au frais, on en retrouvera aux Galapagos.



Vent du nord annoncé pour 3 jours, 10 nœuds. Départ pour les Galapagos, le samedi 28 juin.



Prochaine escale, 924 milles nautiques (en ligne droite) plus loin, l'île San Cristobal (ou île Chatam).








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