Rapa Nui (suite)
Carrière Rano Raraku
Les statues proviennent d’une carrière située sur les flancs du cratère du volcan Rano Raraku.
Comme tous les autres sites de l'île, celui-ci fait partie du parc national de Rapa Nui. L'entrée du parc (donnant accès à tous les sites), est payante (environ 50$US par adulte) jusqu'en avril dernier. Mais des problèmes politiques entre l'île et le gouvernement Chilien font que la situation est en stand-by et pour l'instant le parc est gratuit. Le Chili récupère l'argent récolté avec le parc, alors que les Rapa Nui souhaiteraient qu'il soit reversé et utilisé pour eux et leur île.
Louna avec notre guide Christina, d'origine Rapa Nui, elle parle français car elle a vécu quelques années à Tahiti et Moorea.
La coïncidence est plutôt de taille : elle a deux filles du même âge que Manoa et Louna, la première s'appelle Manoa et la seconde Mahina (qui signifie lune en langue Rapa)
vue de l'île depuis le flan du volcan Rano Raraku
des moai couchés, abandonnés
On peut y voir un très grand nombre de moaïs (près de 400). Certains sont terminés et dressés au pied de la pente et d’autres sont inachevés, à divers stades.
Le plus petit moai mesure 1m13.
Le plus grand qui ait été érigé mesure 9m80 et pèse 74 tonnes.
On a l'impression de se balader au milieu de géants, certains ont la tête inclinée, ce qui leur donne une expression particulière, ils semblent presque vivants.
On s'attend à les voir changer de position...
On ne voit que le haut du buste, les épaules et la tête, tout le reste du corps est enterré et invisible, la tête représente environ un tiers de la hauteur totale de la statue.
un moai face contre terre
des dizaines de moai le long de la colline
Louna a trouvé un tabouret
Le plus gros moai, inachevé, fait 21 m de hauteur pour une masse estimée à 270 tonnes.
on le distingue ici encore pris dans la roche.
2 moai en cours de taille :
l'espace et la roche étaient utilisés au maximum dans la carrière
le moai du haut a comme une grosse vérue dans le cou. Il s'agit en fait d'un morceau de roche plus dure que celle autour, trop dure pour être taillée, sans doute a-t-il été abandonné à cause de ça
ce moai ressemble à un tiki marquisien, du fait de ses rondeurs, et de sa position, assis sur ses pieds
les spécialistes ont d'abord pensé qu'il était plus ancien que les autres, les formes des moai étant inspirées des tiki polynésiens puis ayant évolué avec le temps, mais non, la datation au carbone14 donne les mêmes résultats que pour les autres moai de la carrière
un paille-en-queue à l'abri du rocher
petites huttes où l'on a pris le repas,
viande grillée, riz et légumes
L’île de Pâques est surtout connue pour le mystère, longtemps inexpliqué, qui entourait la fabrication, mais surtout le transport et l’élévation des moaï sur les ahu.
Comme en Polynésie le ahu est une plateforme cérémoniale sacrée.
Ce mystère ne fut jamais réellement éclaircit.
Il y'a plusieurs hypothèses concernant le déplacement des moai.
Hypothèse 1 : faire glisser les statues, couchées sur un traineau sur des rondins de bois.
Hypothèse 2 : attacher la statue sur le traineau, et tirer le traineau.
Hypothèse 3 : le moai est debout et on le fait pivoter cm par cm en tirant d'un côté puis de l'autre à l'aide de cordes.
Il suffit d'être animé d'un enthousiasme inébranlable, à une époque où la notion du temps n'était pas la même qu'aujourd'hui, et surtout parvenir à une parfaite coordination des mouvements et des efforts. Le transport était difficile, long et délicat, il y'a beaucoup de moai cassés, abandonnés en cours de route, ce qui a permis d'identifier les chemins empruntés par les pascuans, entre la carrière et les plateformes sacrées.
Dernière hypothèse : la tradition orale rapporte que les moai se dirigeaient seuls à pied vers leur ahu grâce au mana (le pouvoir).
à moins qu'ils y soient allés en surfant...
le ahu Tongariki
visible ici depuis la carrière Rano Raraku
Le gros tremblement de terre au Chili en 1960, a provoqué un tsunami dans le Pacifique
-> les moai déjà par terre du fait des guerres entre tribus Rapa Nui, ont été trainés par les vagues sur plusieurs dizaines de mètres
Le site a ensuite été restauré.
On sait que celui-ci ne faisait pas partie des 15 moai érigés sur le ahu.
Car ses orbites ne sont pas creusées totalement.
Les moai étaient taillés, puis transportés jusqu'au site sacré et érigés sur la plateforme. Ensuite seulement on creusait les orbites pour y mettre les yeux. C'est par les yeux que passe le mana (le pouvoir), et lorsque quelquechose ou quelqu'un a le mana, il devient tapu (tabou), on ne peut plus le toucher. Voilà pourquoi les yeux étaient placés en tout dernier une fois la statue installée sur son ahu définitif.
des 15 statues alignées, seule un moai possède un pukao
ce site est le plus impressionnant, 15 moai, et il comprend les moai les plus grands de l'île. C'est aussi le plus proche de la carrière.
la carrière des pukao
le pukao est la coiffe de certains moai.
Certains moai seulement, car toutes les statues n'avaient pas de coiffe (inexactement appelée chapeau). Le moai représente un ancêtre mort. Seuls les grands chefs possèdent des pukao, car seuls les grands chefs de leur vivant avaient les cheveux longs, teints en rouge, et remontés en chignon sur le sommet de la tête. C'est pourquoi les pukao étaient taillés dans de la roche volcanique, de la scorie rouge, pour représenter la couleur des cheveux.
'leurs coiffures qui étaient des espèces de turbans, en une lave différente et d'un rouge de sanguine, ont roulé ça et là, aux instants des chutes, et l'on dirait de monstrueuses pierres meulières' Pierre Loti, 1872
le volcan Rano Kau
Rano Kau est un des trois grands volcans qui ont formé l'île
pétroglyphe représentant l'homme-oiseau
le cratère du volcan contient la plus grande réserve d'eau douce de l'île
la dernière éruption s'est produite il y'a 180 000 ans
la bande de couleur rouge au centre, ce sont des bougainvilliers
un rapa nui qui surveille touristes et guides, afin de s'assurer qu'on ne s'approche pas trop près des sites et pierres sacrés
site O'rongo
le village Orongo se situe au sud-ouest de l'île, sur le flan du volcan Rano Kau
un pétroglyphe
l'îlot en forme d'aiguille s'apelle motu Kau Kau
les deux autres îlots : tout simplement motu iti (le petit) et motu nui (le grand)
ces trois motu sont sacrés et interdits d'accès encore aujourd'hui
motu nui est une réserve d'oiseaux marins, ils viennent s'y reproduire
O'Rongo est un village cérémonial, composé de 54 maisons (restaurées), qui était utilisé uniquement quelques semaines par an, pour le culte de tangata-manu (l'homme oiseau) et la compétition manutara.
La cérémonie se déroulait de juillet à septembre, pendant le printemps austral, période de ponte des hirondelles de mer. Il s'agissait d'un concours dont le but était de recueillir le premier oeuf de la saison.
Les participants nageaient 2 km jusqu'au motu Nui.
Une fois sur l'îlot, ils attendaient des semaines d'y découvrir le premier oeuf du printemps.
Le gagnant obtenait alors le titre de manutara. Erigé à l'état de demi-dieu, on le disait envoyé par Make-Make, le Dieu suprême. L'homme-oiseau devenait pour une année, l'interlocuteur entre les dieux et les hommes.
Les participants nageaient 2 km jusqu'au motu Nui.
Une fois sur l'îlot, ils attendaient des semaines d'y découvrir le premier oeuf du printemps.
les maisons
représentation de Make-make, le Dieu créateur
ahu A kivi
C'est le premier ahu restauré, en 1960
Ce site a une particularité, ces moai sont les seuls de l'île à regarder la mer, partout ailleurs, ils sont tournés vers la terre et le village qu'ils protégeaient grâce à leur pouvoir.
Le roi polynésien (marquisien ?) HotuMatu'a vaincu, serait partit à la recherche d'une autre terre d'accueil.
Il débarque à Rapa Nui sur la plage d'Anakena.
Il avait envoyé 7 fils de chefs en éclaireurs, divinisés ensuite sous la forme de 7 moai de l'ahu Akivi, seuls moai à être tournés vers la mer et l'ouest.
Les 6 fils du roi Hotumatua seraient à l'origine des 6 tribus originelles de Rapa Nui.
la plage d'Anakena et l'ahu Nau Nau
(jolies photos sous le soleil, mais ce ne sont pas nos clichés)
c'est la pluie qui nous a accueilli à Anakena
plage de sable rosé
Anakena est, selon la tradition orale, l'endroit où le roi Hotumatua a débarqué, c'est le berceau de la culture pascuane.
Te Pito Kura
Te Pito Kura est le ahu où le dernier moai fut érigé
la statue aujourd'hui par terre, est appelée Paro, elle est la plus grande jamais transportée depuis la carrière, elle mesure environ 10 mètres de haut et pèse 80 tonnes
le site Te Pito Kura abrite un objet particulier : une énorme pierre ronde magnétique
entourée par 4 pierres plus petites disposées aux 4 points cardinaux
quel est l'origine de la pierre ? on ne sait pas si les polynésiens sont venus avec, ou si les rapa nui l'ont trouvé ensuite, et surtout on ignore comment ils ont su qu'elle était magnétique, n'ayant aucun objet en fer pour déceler cette particularité
ahu Tahira - site Vinapu
celui-ci n'était pas érigé sur le ahu, puisque les orbites de ses yeux ne sont pas creusées
l'arrière du ahu Tahita est différent des autres plateformes de l'île
les blocs de pierre ont été taillés en rectangle presque parfait, et les pierres sont quasi jointives, c'est incroyable
on voit trois moai couchés, deux pukao, et une entrée sous le ahu
dont le sous-sol servait de chambre funéraire
un des moai qui faisait partie du ahu, mais tombé face contre terre, son pukao devant lui
un pukao parfaitement conservé
reste d'une statue à deux têtes, la seule de l'île, un des premiers explorateurs européens en parle, il l'avait vu à l'époque complète avec ses deux têtes, aujourd'hui disparues
lundi 13 juillet
à côté de la piste d'atterrissage, au sud du village
l'avion journalier en provenance de Santiago arrive
la piste de l'aéroport est longue, elle a été agrandie dans les années 80 par la NASA, afin de servir de piste de secours pour la navette spatiale américaine
dernier moai
Keka (de la pension Vaianny) nous rejoint à l'aéroport pour nous offrir les colliers d'adieu
faits de petites porcelaines (coquillages) et des plumes.
merci Keka ! et merci pour ta gentillesse, ton accueil, et le lapin en peluche !
Adieu Rapa Nui, on continu notre route vers l'Est et le Sud
direction le Chili et sa capitale Santiago
mardi 14 juillet
Santiago du Chili, où nous passerons une nuit et une journée, altitude 520m.
Il fait très froid, mais heureusement très beau.
Latitude 33° Sud.
La ville a été fondée en 1541 par le conquistador Pedro de Valdivia.
Elle est située à 100 km de l'océan Pacifique, au pied de la cordillère des Andes.
Ici on parle de ski Andin, et d'Andinisme.
Elle héberge un tiers de la population chilienne, 5 millions sur 16 millions au total.
maisons individuelles et petits immeubles, dans la verdure
rangement original pour les vélos
les tours du centre des affaires, qui cachent les montagnes
jeu de lumière, rayons du soleil à travers la plus grande tour de la ville
vue incroyable sur les Andes, et la ville de Santiago, immeubles géants et tours en arrière plan, maisons individuelles au pied de la colline
(c'est certain, un paumotu et même un tahitien ne pourrait vivre ici...)
Cela nous fait une étrange impression de voir des montagnes enneigées, totalement irréaliste de se dire qu'on était à Tahiti sous les Tropiques il y'a encore quelques jours.
C'est la magie des voyages en avion...
Après deux années où l'on a avancé à la vitesse d'un piéton, en grignotant tout doucement les fuseaux horaires vers l'Ouest, cela nous semble bizarre d'engloutir si vite les kms par la voie des airs, et de se retrouver dans des paysages si différents en si peu de temps.
J'ai bien regardé, ici, pas de récif, pas de motu, pas de lagon turquoise, pas de requin pointe noire (ni d'autre couleur), trop froid !
quelques palmiers tout de même...
le sommet le plus haut culmine à presque 6000 mètres
des moai en pierre... ?
palmiers des Canaries !
c'était bien la peine de faire un demi-tour du monde pour retrouver des arbres de là-bas
des perruches vertes
des sapins bleus...
les moai de Santiago, en bois
funiculaire : jusqu'au sommet du cerro (colline) de San Cristobal
on embarque en fin d'après-midi pour l'étape la plus longue du retour en avion,
Santiago -> Madrid
mercredi 15 juillet
aéroport de Madrid (Espagne), chaleur et sécheresse aux alentours
arrivée en France, aéroport de St Exupéry
sous le soleil
la boucle est bouclée...
rendez-vous plus loin pour de nouvelles aventures,
à terre ou en mer...