Les Moana's

Les Moana's

lundi 10 août 2015

Bilan final de ce voyage à travers les paysages




Le bilan... 
est-ce possible de faire un bilan qui tienne le sillage, après avoir accompli un si long périple, est-ce possible de refermer cette grande parenthèse dans nos vies ?


J'ai volontairement laissé passer du temps depuis notre retour à terre en Europe le 15 juillet dernier avant d'écrire ce bilan final, pour laisser passer la joie des retrouvailles avec famille et amis, la joie de retrouver notre maison, et pouvoir se poser, réaliser, regarder en arrière... et réfléchir, comprendre ce que l'on a fait, le chemin parcouru sur le globe, dans notre coeur et dans notre esprit...



Le voyage en chiffres

Distance parcourue en milles nautiques au cours de la seconde année de voyage : 3103 contre presque 11000 jusqu'en aout 2014.

Ce qui fait au total sur deux années environ 14000 milles.
La seconde année s'est déroulée dans les archipels de Polynésie, et fut donc beaucoup plus légère d'un point de vue navigation.

Le nombre d'îles entre aout 2014 et juillet 2015 :

12 îles, 5 atolls, 30 motu...
ce qui fait au total sur deux années : une centaines d'îles et îlots.





Nos coups de coeur

Nos endroits préférés du demi-monde exploré grâce à MOANA, dans l'ordre :
1. Les Tuamotu
2. L'archipel de la Société
3. Les San Blas
4. Les Grenadines

Les Tuamotu.
Nous avons passé environ 3 semaines dans chacun des atolls (sauf le dernier Toau) Ahé, Rangiroa, Tikehau et Fakarava. Nous les avons tous adorés pour des raisons différentes, pour les rencontres, le bien-être, les paysages, leur côté plus ou moins sauvage... impossible d'avoir une préférence aujourd'hui. Leurs points communs : la beauté des hoa, la luminosité et la clareté de l'eau, les nuances de bleu de turquoise et de vert, le récif, cette ceinture coralienne si belle mais si fragile entre océan et lagon, les plages de sable ou de coraux, les motu sauvages, les poissons, les requins et coraux, les paumotu si accueillants, ces gens qui n'ont rien et qui donnent tout, qui ont un quotidien difficile, mais qui ont le temps, qui ont une force physique et mentale hors du commun, mais pas la notion du stress, qui vivent en harmonie avec la Nature, si loin de la pollution chimique ou lumineuse.
Les 78 atolls de l'archipel sont autant d'illustrations du Vide, de l'Oubli, du Rien, c'est-à-dire de l'Essentiel ! Aux tuamotu, on vit entre ciel et mer, entre lagon et océan, isolés de tout, des autres, du monde, et du temps.

Les îles de la Société.
Coup de coeur pour les îles sous le vent :
notamment dans l'ordre de préférence, Maupiti, Huahine et Tahaa. Ce sont les îles les plus authentiques et les plus sauvages. Rappelez-vous, on déteste les hôtels, les touristes trop nombreux, on aime la nature et le côté sauvage de certains lagons, sinon on ne serait pas partis en voilier, mais en avion. Bora-Bora reste une île magnifique, avec sa montagne unique et haute dans son lagon enchanteur, mais elle est trop convoitée et abîmée par le tourisme.
Les îles du vent (plus à l'Est, appelés ainsi, car elles reçoivent l'alizé en premier) :
Moorea est l'île la plus contrastée, avec ses hauts sommets, ses deux profondes baies entourées de falaises vertigineuses, et ses lagons merveilleux remplis de raies, de dauphins et de tortues.
Tahiti fut une belle île également, mais plus d'un point de vue souvenirs et amitié que d'un point de vue paysage sauvage. Nous y avons fait de belles rencontres, de merveilleuses retrouvailles, et passés d'excellents moments.

Les San Blas.
Ces îles minuscules ont été notre première vision du paradis, après des Antilles surpeuplées de gens et de voiliers. Elles sont composées de récifs dangereux et de petites îles et îlots, si jolis, ce sont seulement des morceaux de sable de forme arrondie, recouverts de cocotiers, bordés par de l'eau turquoise aux dégradés envoutants, abritant un véritable aquarium de poissons et de coraux multicolores. Mais leurs habitants, les indiens Kuna y ont une vie très rude, et les rencontres furent difficiles pour nous, qui ne parlons ni leur langue, ni l'espagnol.

Les Grenadines pour la beauté de ces îles, dont certaines sont toutes petites, des perles perdues dans la mer des Caraïbes, magnifiques, bordées de plages de sable fin comme de la farine, d'eau claire aux nuances incroyables, avec leur passé de pirates et de conquistador, auprès desquelles malgré l'affluence des bateaux, nous avons en sortant des sentiers battus, pu trouver des baies désertes et des îlots rien que pour nous. Elles forment une partie du nouveau monde, mais il y'a la face cachée, le passé peu glorieux, les esclaves, les amérindiens et indiens caraïbes massacrés et évangélisés par nous les blancs, les blancs développés si sûrs d'eux-mêmes, si prompts à imposer leur culture, leur religion et leur mode de vie à ces sauvages... que l'on ne considérait pas comme des gens à part entière.


Evidemment la Polynésie, cette France du bout du monde, restera le meilleur souvenir de notre voyage, elle en était le but final, ces îles si belles, si sauvages, ses lagons et atolls si enchanteurs, sa population si douce, si généreuse et si accueillante... L'urbanisation n'existe qu'à Tahiti, et encore uniquement aux alentours de Papeete, une toute petite partie de Tahiti-Nui, tout le reste est soumis à la Nature, à sa beauté et à ses dangers, et tout le reste, c'est plus de 100 îles réparties sur une surface équivalent à l'Europe, c'est vaste et si peu connu, et souvent accessible uniquement par bateau, un monde immense sur l'océan. Le paradis ? oui sans doute, une facette du paradis. Un paradis géographiquement à l'opposé de là d'où on vient, de l'autre côté de la Terre, et où l'on parle français pourtant ! 

Nous nous sommes rendus compte que les sites que l'on a préféré, les endroits les plus magiques, les souvenirs les plus merveilleux, les paysages les plus paradisiaques, ont tous un point commun : ils sont dans des lieux situés aux antipodes du monde moderne et de nos racines.



Tout ça pour dire et nous rappeler que nous avons visité des coins de la planète extraordinaires, beaux et envoûtants, et que nous avons vécu des choses captivantes, nous avons eu des émotions intenses, pendant notre longue route.





Le Budget

Le voilier a été acheté en août 2011 pour 62000€ / revendu en juin 2015 pour 43000€

Equipement avant le départ : 32800 €
Ne sont pas inclus là-dedans les frais de 'garage' du voilier en méditerranée (port), ni les assurances, ni la francisation.

La communication sur deux ans : mails, mises à jour blog, SMS =  640 €
N'est pas inclus dans ce calcul le coût du téléphone satellite et son abonnement, car il était prévu initialement pour la météo et la sécurité. Budget comm énorme donc ! merci pour vos dons le long du voyage qui m'ont permis de continuer la mise à jour du blog jusqu'au bout et donner des nouvelles par email.

Les problèmes mécaniques et réparations sur deux années = 9300 €
Cette somme n'inclue pas les frais quotidiens de gaz, gasoil, essence, ni la nourriture, les assurances, ni l'entretien courant...

Le voilier est un gouffre financier, un trou dans l'eau sans fin dans lequel on jette des billets ! 
Peut-être que 3 ou 4 ans de voyage rendent la balance plus équilibrée, au-delà, les réparations et les améliorations effectuées avant le départ seront de nouveau à reprendre...
L'état normal d'un voilier c'est d'avoir quelquechose en panne. Si par chance tout est en état de marche, alors on se demande ce qui va lâcher aujourd'hui, et quand la panne est petite on s'en réjouit, c'est un soulagement d'avoir une petite avarie à réparer, ouf le gros pépin ne sera donc pas pour tout de suite ! On a même été souvent ravis d'avoir une fuite d'eau douce, c'est tellement mieux qu'une fuite d'eau salée ou de gasoil...

Il faut avouer que l'on a rarement l'esprit tranquille, il faut surveiller la météo, le mouillage... en permanence, vivre sur un voilier n'est pas de tout repos.

Nous avons eu beaucoup de soucis avec le moteur, mais jamais il ne nous a fait défaut quand on en a eu besoin, jamais il ne nous a mis en danger, à proximité d'un récif, d'une passe, d'un mouillage, ou dans les ports. Ce fut des contretemps, des galères, des ras le bol, et des dépenses, mais jamais rien de dramatique.

Les galères et les problèmes mécaniques ont été oubliés lorsqu'on est arrivé dans ce que j'appelle la 'Polynésie turquoise' (contraste avec les Marquises), archipel des tuamotu, atoll Ahé, 18 octobre 2014... le paradis s'étend sous nos yeux, et il y restera jusqu'au 6 juillet 2015.
Les soucis et pannes ont été bien moins nombreux la seconde année. Comme quoi il faut une année complète de rodage du voilier.

Quoi qu'il en soit, le rêve et la magie du voyage apporté à bord d'un voilier, n'a aucune commune mesure avec tout autre type de voyage. Faire un bilan financier ne sert à rien, on peut toujours tenter de mettre dans la balance, d'un côté l'argent dépensé, et de l'autre non pas l'argent récolté, mais le fait d'avoir vécu, rêvé, fait des rencontres, ce n'est pas palpable ni matériel. L'important c'est qu'au final, la balance virtuelle dans nos têtes penche du côté de la vie et du voyage, et non du côté des billets.



La quête du bonheur

Alors le voyage en voilier, c'est que du bonheur ?
Non et loin de là. Aucun des équipages que l'on a rencontré ne me contredira. 
Comme je l'ai déjà expliqué lors des précédents bilans, à bord d'un voilier, nous ne sommes pas en vacances, mais en voyage.
Si vous voulez des journées reposantes, restez à la maison ! Si vous avez besoin de vacances, allez à l'hôtel !
Mais comme je fais partie de ces gens qui ne se reposeront qu'une fois qu'ils seront morts, je ne regrette rien.

Le bonheur est là pour ceux qui veulent le rencontrer... nous l'avons tous en nous, mais on l'ignore d'autant que parfois il est bien caché.
Alors, l'avons-nous trouvé ? non, pas vraiment. 
Car le bonheur n'appartient pas à un lieu, et même s'il nous est apparu plus facile d'être heureux sur un motu que dans un appartement en ville, le bonheur correspond plutôt à un mode de vie, un état d'esprit, la capacité de chacun à trouver le positif dans chaque chose.
Le bonheur extrême n'existe pas, nous ne sommes pas au pays des bisounours, mais quelques bribes de paix, des petits ou des longs moments de bonheur, plus ou moins intenses, pris ça et là, oui, il y'en a eu beaucoup.

Tout est plus fort à bord d'un voilier, car tout se vit de façon pleine et entière, les bonheurs sont plus forts et les peines aussi.

Le bonheur est différent pour chacun, il dépend des gens, il est lié aux malheurs et difficultés reconcontrés, pour certains c'est être en famille, pour d'autres c'est peindre, nager, manger, faire du sport, chanter, se balader, observer le ciel, vivre coupé du monde, ou se retrouver au milieu de la foule, ramasser des fleurs ou des coraux, faire pousser des tomates, naviguer... mais personne ne peut passer 100% de son temps à sa passion, donc il nous faut composer, si possible composer avec le maximum de petits bonheurs et petites joies.

Le paradoxe de la vie en voilier :
vivre en voilier c'est être libre, et pourtant, les contraintes de la vie à bord sont importantes surtout avec des enfants en bas âge, et ce qui m'aura le plus manqué c'est l'absence de liberté justement et d'intimité, la possibilité de pouvoir faire des choses pour moi seule.

Nous avons failli interrompre le voyage plusieurs fois au cours de la seconde année, mais on a tenu jusqu'au bout du projet (jusqu'au bout du rêve, pour moi), force ou faiblesse ?
Je l'ignore. Je dirai plutôt faiblesse car ça m'a paru à chaque fois plus facile de rester à bord que de quitter le bord. Mais ce qui est certain c'est qu'aujourd'hui je me sens un peu plus forte d'avoir accompli ce périple.

Les éventuels problèmes que vous avez à terre s'embarquent malheureusement à bord avec vous (excepté les embouteillages sur la route) et vous suivent tout au long du périple. Le voyage ne peut être une fuite, il peut être une parenthèse, un autre mode de vie, mais pas une fuite, car coupés du monde, loin de tout, dans le microcosme qu'est un voilier, ils vous retombent sur la figure, de façon brutal.

Le voilier est synonyme de paradis lorsque tout va bien, mais le paradis se transforme en enfer si quelquechose va mal, et le voilier devient une prison dorée.




Souvenirs...

J'ai demandé aux enfants quels sont leurs plus beaux souvenirs, et qu'est-ce qui leur manque à terre.

Les meilleurs souvenirs de Manoa se situent dans les atolls des tuamotu. Les barbecues et les balades sur les motu, les ramassages de coquillages et de coraux. Il aimerait y repartir dans quelques années. Il garde un merveilleux souvenir également de la découverte du trésor de Jack le pirate sur l'île Petit Nevis (Grenadines).
Son futur métier ? Aujourd'hui il voudrait être biologiste marin...

Les meilleurs souvenirs de Louna, ce sont les baignades dans l'eau claire, peu importe l'endroit, et manger des cocos. Le snorkeling lui manque, alors en attendant, on va mettre des poissons et des coraux en plastique au fond de la piscine.
Son futur métier ? Aujourd'hui elle souhaiterait être une sirène... :)

Mais leur manque sera de courte durée, les enfants oublient vite, ils s'adaptent rapidement à leur ancienne/nouvelle vie et ne souffrent pas des souvenirs et lieux perdus.

Que leur restera-t-il de notre périple dans quelques années ? Je l'ignore.
Il y'aura des supports papiers (je vais imprimer le blog, un livre par archipel) avec textes et photos, mais j'espère aussi qu'il y'aura quelquechose dans leur tête qui leur feront apprécier le monde, apprécier la nature et les animaux, respecter la vie et les gens, et qui leur aura donné une ouverture d'esprit, des capacités d'adaptation, d'autres façon de vivre, d'apprendre et de jouer.

Petite rétrospective, pour mémoire, quelques photos des enfants, par ordre chronologique, c'est impressionnant de voir comment ils ont évolué, comment ils ont grandi... dans ce formidable univers, à bord du voilier, sur l'eau, dans l'eau. Ils ont vu tellement d'endroits, fait tant de rencontres, vu de splendides paysages, fait le plein de couleurs et de soleil... 
J'en ai la tête qui tourne pour eux.



Mon meilleur souvenir c'est la transpacifique, une navigation longue, calme, pendant laquelle les sentiments de plénitude, de bien-être se sont emparés de moi. Ce fut une immense tranche de bonheur, coupés du monde, nous seuls sur le plus grand océan de la planète, porté par notre voilier, sous la voûte céleste.
Mon autre meilleur souvenir est plus large et concerne les atolls des tuamotu, les lagons, les requins, le snorkeling, les balades sur le récif, les motu et hoa aux couleurs fantastiques... avec l'impression là aussi que le temps se fige et que le reste du monde n'existe plus. Cet archipel de la Polynésie est pour moi le plus beau et le plus attractif.

On s'est senti vivants, vrais dans ces moments là, conformes à ce qu'on aime, conformes à nous-mêmes.



Pourquoi partir ?

Cette question constituait une partie complète du blog (sur STW), avant le départ.

je vais reprendre quelques thèmes : 
pour prendre son temps... et apprécier chaque moment qui passe
pour ne plus avoir à courir après tout et rien, la montre, le boulot, les rdv
pour éviter les embouteillages, le bruit, la foule, les vilains
pour enfin passer du temps en famille
pour faire des belles rencontres
pour voir de nouveaux horizons, de nouveaux paysages
pour que nos enfants voyagent et aient une autre vision du monde
pour qu'ils soient respectueux de la Nature, des Hommes, 
pour qu'ils aient en main de quoi décider pour leur avenir, 
pour qu'ils soient émerveillés tous les jours
pour qu'ils mangent des cocos et du poisson
pour ne pas se dire dans 20 ans, zut on aurait du le faire, maintenant c'est trop tard,
pour vivre quoi !

La fin du voyage est délicate, mais je crois que nous avons quasiment réussi notre aventure, les buts figurant dans cette liste sont atteinds, pour ceux concernant les enfants, l'avenir nous le dira. 
Heureusement ne figure pas sur cette liste quelquechose en rapport avec l'école... et l'épanouissement de l'apprentissage à bord... là encore l'avenir nous dira si on s'est trompé ou pas.


Le Pacifique Sud et la Polynésie...
pourquoi partir, pourquoi là-bas ?
Parce que nous sommes fascinés, attirés, éblouis, ensorcelés par cette région du monde.
La navigation qui y mène prend alors l'aspect d'une quête, d'un rêve à réaliser, d'une étoile qu'il faut décrocher.
Parce que poser la question pourquoi ? c'est aussi poser la question pourquoi pas ?
Parce que pouvoir c'est très souvent vouloir, si on est motivé on peut s'en donner les moyens, rien n'est impossible, pas toujours facile et sans accrocs, mais pas impossible.
Parce que personne ne sait ce qu'il peut faire avant d'avoir sérieusement essayé.
Parce que si après avoir essayé, on fait demi-tour, ce n'est pas forcément un échec, mais cela en serait un que de renoncer avant d'avoir essayé. Tamata !

Deux années de voyage à la voile, deux années de vie en famille sur un bateau, nous ont appris beaucoup de choses, sur la vie, sur le monde, sur les autres et surtout sur nous-mêmes.

La Polynésie et le Pacifique Sud continuent et continueront de m'attirer, tel un aimant, je n'en ai pas fait le tour, il y'a encore tellement à découvrir et à vivre là-bas. 

La Polynésie, les Tuamotu,
le blanc rosé du sable,
le gris orangé du récif des atolls,
le rouge rosé des aubes et crépuscules,
le gris noir des grains alentours,
le bleu marine de l'océan,
le bleu azur du ciel,
le turquoise de l'eau,
les couleurs des poissons et coraux,
le vert des cocotiers,
l'arc-en-ciel des perles et des nacres,
la douceur de vivre,
la bonne humeur des copains,
la gentillesse des habitants,
la chaleur des soirées,
les cieux noirs et étoilées,
les constellations australes et la voie lactée,
les contrastes et la luminosité,
l'éclat des lagons sous la lumière de la Lune...

Tout ça me parait indescriptible, les mots sont trop petits quand c'est si fort et si joli.
La douleur du au manque est parfois insoutenable, oublier ? non surement pas, mais vivre avec en suis-je capable ? 
Le temps soignera tout ça, ou pas, si ce n'est pas le cas, je retournerai là-bas, en voyage ou pélerinage... (pour la rime)



Poésie, Exploration et aventure

Alain Gerbault disait :
De toutes les folies et abérations qu'on rencontre dans l'humanité, celle qui me parait la plus inconcevable, c'est que l'homme, pendant son passage sur la Terre, n'ait pas la curiosité de la connaître tout entière.

Nous n'avons pas vu la planète entière, mais nous avons parcouru la moitié du globe, sous sa bande tropicale, et exploré une partie du monde en deux années bien plus qu'une vie entière de salarié avec trois ou quatre semaines de voyage par an, nous aurait permis de voir. De plus, nous n'avons pas été parachutés en quelques heures comme on le fait en descendant de l'avion, nous y sommes allés tout doucement, le voilier nous y a porté, mille après mille, ce qui permet de mieux profiter du lieu et de mieux se rendre compte de son isolement.


Comme disait le Grand Jacques :
Il est urgent d'être heureux

N'attendez pas que la maladie ou la mort vous fauche au coin de la rue sans prévenir. Réalisez vos projets les plus fous, la vie est trop courte.
Ceci s'adresse à tout ceux qui ont un rêve, rêve de voyage ou autre, rêve de partir en bateau ou en vélo, rêve d'amour ou de projet professionnel, peu importe, faites-le ! Les chaînes n'existent pas, c'est la vie moderne et nos dirigeants dans nos pays dits civilisés qui nous donnent l'impression d'en avoir, mais on peut tous être libres, au moins pour un temps, sans prendre de risque et sans avoir mauvaise conscience.

Partir c'est mourir un peu, rester ne rend pas éternel !

Certains d'entre vous nous ont écrit un commentaire après notre newsletter 'retour Sur Tahiti' en juin, presque étonnés qu'on y ressente aucune tristesse. Non en effet, on serait bien plus triste, JE serais bien plus triste si je n'avais pas réalisé ce voyage. C'est difficile aujourd'hui, mais ce n'est pas de la tristesse, c'est de la nostalgie qui pèse un peu lourd pour le moment, il faut le temps d'atterrir, reprendre ses marques, et alléger le poids.
La vie en bateau offre des moments exceptionnels, c'est extraordinaire de vivre coupés du monde, dans les endroits les plus isolés de la planète Mer, mais c'était devenu trop lourd à gérer avec des enfants en bas âge, je ne regrette pas la vente de MOANA.




Planning et projet


De façon plus matérielle, si on compare en gros notre projet avant le départ, tout confondu, planning, argent, vie au quotidien, avec ce qu'on a réellement fait, on peut dire que quasiment tout s'est passé comme prévu. Il y'a eu quelques contretemps, des décalages de planning inévitables en voilier car on est soumis à la mécanique, à la mer et à la météo, mais dans l'ensemble nous avons vu et profité de tous les endroits que l'on souhaitait visiter au départ.

Je vois déjà Philippe et Geneviève sourire... oui c'est vrai, on avait prévu de passer Nöel 2013 en Martinique, bon... et alors ? février 2014 c'était très chouette aussi, vous nous manquez !

Nous avons pu vendre le voilier facilement et rapidement, sans pour autant rester scotchés sur Tahiti pour des visites, et nous avons pu rentrer en France durant l'été afin d'atténuer le contraste avec le climat des Tropiques laissé derrière nous.


Beaucoup d'entre vous (essentiellement des terriens) nous disent que nous avons réalisé un exploit, nous n'en avons pas du tout le sentiment, ce n'est pas de la modestie, c'est juste que les milles vers l'Ouest et vers le Sud ont été avalés tout doucement, les problèmes résolus les uns après les autres, on ne s'est jamais senti en danger (juste un peu de peur entre Gibraltar et les Canaries), ....   et nous n'avons pas du tout l'impression d'avoir fait quelquechose d'extraordinaire, c'était juste une aventure, un grand voyage, avec ses hauts et ses bas, mais en aucun cas un exploit. Les mers et les océans nous ont laissé passer, on ne se sent pas pour autant marins aujourd'hui, on ne se sent pas plus forts face aux éléments, bien au contraire, on aurait encore beaucoup à apprendre de la mer et de la navigation, l'océan nous pousse à être humble, on ne peut pas tricher, c'est lui qui décide, pas nous.



Merci à tous amis lecteurs, famille et copains, merci de nous avoir suivi, de nous avoir soutenu, merci de nous avoir aidé financièrement et moralement avant le départ et pendant le voyage, merci de nous avoir lu et d'avoir cru en nous.

Un merci particulier à Pascale G et à Dominique P qui ont sauvegardé la partie du blog sur STW avant qu'elle ne disparaisse à la fin de l'année 2014 (blog initial qui contenait tout, de l'achat du voilier jusqu'à l'atoll Rangiroa inclus), grâce à eux nos souvenirs et le travail effectué ne sont pas perdus. Les enfants pourront lire et relire leurs aventures. Cela nous parait important, leur mémoire n'est pas encore adulte, leurs souvenirs s'étiolent, Louna a déjà occulté le début du voyage et ne se souvenait absolument pas de notre maison.



Et après ?...

Aurons-nous une nouvelle aventure à terre, un nouveau projet, un nouveau rêve à réaliser ?
l'avenir le dira, ça dépendra de nos envies et de notre capacité à rebondir. Pour l'instant on ne sait pas.
Il faut déjà digérer celui-ci, accepter que c'est fini, après l'avoir (en ce qui me concerne) rêvé pendant 15 ans, préparé pendant 2 ans et vécu pendant 2 ans, il y'a la satisfaction de l'avoir réalisé biensur, mais il y'a aussi un grand vide aujourd'hui.
Pour moi il est évident qu'il faudra à plus ou moins long terme un autre projet, un autre rêve, une autre motivation, pour l'instant je ne l'ai pas trouvé.
L'aventure pour l'heure est d'élever Manoa et Louna dans un monde et une société qui nous paraissent (pour eux qui n'ont pas encore l'esprit formaté) bien plus dangereux que celui de l'océan, et des requins de lagons.

Espérons que les moai et les tiki protègeront notre famille





Espérons que le vent, les envies, 
le temps ou la vie,
nous mènent vers d'autres horizons et d'autres bonheurs... 
dans la pollution ou ailleurs, 
sous la chaleur ou sous la pluie, 
au milieu des couleurs ou du gris...




Retour à terre

Pour l'instant on se réadapte à la vie terrestre, nous avons vécus si loin du modernisme et de l'urbanisation, nous sommes maintenant à l'inverse loin des lagons, des motu, de la Nature et de la vie sauvage. Chacun de nous a en lui un peu de Robinson avec un nouveau monde à découvrir, et finalement un Vendredi à rencontrer... c'est chose faîte.

Nous reprenons notre vie à la maison, si facile... si confortable, si consommatrice d'énergie.
Pendant plusieurs jours à notre retour, au moment de faire la vaisselle,  j'ai cherché la pédale d'eau de mer avec le pied droit...
Un lave-linge, quel merveilleuse invention, je ne me lasse pas de le regarder tourner... les premières lessives ont pourtant (on l'ignorait) été faites avec un tambour qui ne tournait pas, donc pas d'essorage, et un linge qui avait seulement trempé dans de l'eau à 30° avec de la lessive, et bien même comme ça il était plus propre qu'avec le savon de Marseille et l'eau salée... à bord de MOANA, et surtout j'ai eu du temps pour autre chose.

Louna veut fermer et ouvrir les hublots de la maison ou de la voiture...

L'air est sec, très sec ici, il faut se mettre 3 couches de monoi par jour sur la peau et les cheveux sous peine de muer et d'avoir de la paille sur la tête...

La Croix du Sud et les nuages de Magellan ont disparus, la Voie lactée n'est pas visible (trop de pollution), la Grande Ourse est à l'endroit, la Lune dessine de nouveau un P et un D bien droits et non penchés pour son premier et dernier quartier, et l'étoile Polaire est réapparue. Je fais confiance à mes amis astronomes pour me faire redécouvrir et aimer le ciel boréal.

Le plus difficile est le manque de luminosité, de couleur, de contraste et de turquoise...
et pourtant la lumière de l'été est encore là, la pensée de la perdre pendant l'automne et l'hiver prochains me glace le sang. Il faudra aller chercher la luminosité de la neige sous un ciel bleu profond comme il n'en existe qu'en montagne, pour remplacer celle des lagons, quant à la chaleur il faudra aller la puiser dans nos coeurs...

Il est évident que le manque le plus important est lié à la Mer : l'eau salée, les lagons, l'océan... et la navigation.

Ce qui est délicat c'est de ne pas pouvoir partager notre périple avec beaucoup de gens de notre entourage. Peu sont aptes à comprendre ce qu'on a vécu. Les plus réceptifs étant ceux qui ont l'habitude de voyager, ceux qui aiment la voile et ceux dont le rêve était ou est de faire comme nous.





La boucle est bouclée, MOANA nous a porté tout au bout de notre rêve, une année de voyage au milieu de lieux fabuleux et de rencontres inoubliables pour atteindre la Polynésie, une année pour profiter des merveilles de la France du bout du monde, une semaine pour en revenir...


Livres, Blog et Illustrations

1. Le livre les enfants de l'océan
Il y'aura un livre sur notre périple, mais il faut me laisser le temps de l'écrire.
Je ne suis pas certaine d'y parvenir, mais je vais évidemment essayer ! sinon je ne saurais pas si j'en suis capable.
Merci à Marie-Aimée, à Chantal et Bernard, à Franck F, à Jacqueline et Christian, à Caroline G, à Eric V, et tant d'autres pour continuer à me motiver en ce sens.




2. L'imagier sur les Animaux du Monde
Pour l'instant je vais rééditer mon petit livre d'images sur les Animaux du Monde, l'ABCdaire pour les enfants, que certains d'entre vous connaissent. Il sera disponible à la vente (probablement sur le site www.lulu.com, avec quelques modifications et améliorations avant Noël.


(quelques pages du livre extraites ci-dessous)

            


                 



3. Le blog du Voyage à bord de MOANA

Il y'aura le blog édité et disponible probablement sur le site blookup, archipel par archipel, édité pour Manoa et Louna en priorité, et pour vous si certaines étapes de notre voyage vous intéressent.



*************


Au-revoir...
On ne vous dit pas Adieu, car la parenthèse reste ouverte.
Rendez-vous plus loin.

Les MOANA la tête en bas (question de point de vue et de référence sur la Planète, tout est relatif !)


L'important c'est d'être en route
en route pour le futur...










retour grand voyage






















Album photo des enfants


(cliquer sur les photos pour les agrandir)

Souvenirs, souvenirs...




Avant le départ (2011-2013)






































Espagne et Baléares (Aout - Septembre - Octobre 2013)





































Gibralltar - Canaries (Novembre Décembre 2013)
























Le Cap Vert (Janvier 2014)

















Transatlantique (Janvier - Février 2014)








Les Antilles Martinique Ste Lucie (Février - Mars 2014)



















Les Grenadines (Avril 2014)










Cariacou - Grenade (Avril - Mai 2014)













Bonaire (Mai 2014)










Les San Blas (Mai - Juin 2014)




















Panama (Juin 2014)












Equateur - Galapagos (Juillet 2014)

















Transpacifique (Juillet - Aout 2014)










Marquises (Août - Septembre - Octobre 2014)



























Tuamotu (Octobre - Novembre - Decembre 2014 + Mai - Juin 2015)




















































Archipel de la Société (de Décembre 2014 à Juillet 2015)


























































Il faut avouer qu'ils sont bien plus calmes, plus mignons, et plus silencieux en photo qu'en vrai... ça parait si simple comme ça de les emmener sur un bateau à l'autre bout du monde !

En tout cas notre petit pirate et notre petite sirène ont l'air d'aimer l'océan et les lagons (c'est mieux quand on a un prénom tahitien comme Manoa) et ils semblent heureux et épanouis (c'est la signification du prénom Louna en hawaïen).