Les Moana's

Les Moana's

dimanche 20 octobre 2013

Espagne côte Sud : Alicante - Estepona

03/11/2013




Maintenant que nous avons récupéré notre cinquième équipier (mon papa) et son précieux chargement, et que l'avitaillement est fait, nous quittons Alicante et entamons notre descente vers le sud de l'Espagne et Gibraltar. On ne passe pas une nuit supplémentaire (45€), on préfère partir tardivement.

Vous en avez marre du turquoise et de nos baignades (jaloux va...), et bien ça tombe bien, c'est fini, le sud de l'Espagne n'est pas particulièrement beau, c'est aride, très ensoleillé, mais c'est plutôt le royaume de la pisciculture en mer et les serres de plastiques à terre, pas de calanques, peu d'abri pour jeter l'ancre.

Nous avons fait quelques mouillages, des navigations de nuit pour avancer plus vite, et beaucoup (trop) d'escales techniques aux ports pour résoudre des problèmes moteur (et oui encore...) entre autre.

Alicante -> île Tabarca




jolie petite île, réserve naturelle, port miniature pour les bateaux de pêches et petits bateaux à moteur, mouillage possible d'un côté ou de l'autre de l'île, selon le vent.








le petit port de l'île Tabarca :


grande plage de sable au sud :

sur laquelle on trouve un cadran solaire géant :

et un dauphin bleu :

La majeure partie de l'île est déserte et très aride, un phare, une tour, une maison en ruines, et des cactus.





Un village fortifié à l'extrémité ouest de l'île :

des maisons colorées :






les corsaires :

l'église :


le bout de l'île :

les fortifications :










île Tabarca -> cap Palos



Bassin de pisciculture : 



Passage de la latitude 38°0'0'', au niveau du cap Cervera. 



Passage entre l'île Grossa et l'îlot Farallon (et sa belle arche) :





Mouillage au pied du phare du cap Palos, et la très grande plage de sable. On n'est pas ennuyé par les voisins, on est tout seuls, mouillage paisible, pas de roulis.




le phare du cap Palos :














l'unique bouquet de palmiers de la plage






cap Palos -> Cartagene

Au matin, on quitte le cap Palos, sous un brouillard anglais à couper au couteau. Alors comme on est en Angleterre on se fait un thé pour se réchauffer et on se couvre.



On contourne la pointe doucement, car il y'a beaucoup d'écueils près du cap Palos.

La vue se dégage peu à peu et la côte espagnole réapparaît, ouf.

En tout cas, les enfants étaient moins inquiets que nous.

Encore des bassins d'élevage de poissons, nourris avec ? de la farine de poisson... et des restes de poissons pêchés. Voilà pourquoi il n'y a plus de poissons pour se faire prendre dans nos lignes.

Arrivée sur Cartagene, énorme port où l'on est venu se réfugier à cause du mauvais temps. Il n'y a pas de mouillages alentours abrités. 

Port public, pour MOANA, une nuit à 29€. Plus on descend au sud, moins les ports sont chers.




un monstre, nommé 'adventure of the seas' venant des Bahamas,

il sera de retour dans les îles tropicales bien avant nous.

le port de plaisance :






Cartagene -> baie San José



Nous partons pour un trajet plus long, avec une nuit en mer. Le vent n'est pas favorable, il faut démarrer la brise 'Peugeot' au bout de plusieurs de bataille, car la baie de Cartagène reste visible longtemps dans le sillage, décourageant...

Guy a contrôlé le niveau de liquide de refroidissement du moteur, comme à chaque fois avant chaque allumage, et le niveau est anormalement bas, pour la seconde fois (la première c'était à Alicante après plusieurs heures de moteur en rentrant de Formentera). Mais ce n'est pas systématique, et ce n'est pas proportionnel aux heures de moteur effectuées, bizarre.

Il y'a forcément une fuite. Et comme rien ne part dans l'échappement, il semblerait que ça se passe dans l'échangeur. On se prépare donc à une nouvelle escale technique forcée, dans un port pour démonter l'échangeur. Le capitaine de bord est ravi et les équipiers aussi, allez hop ça recommence... Quelle mauvaise surprise nous attend encore ?

L'échangeur a été démonté et remonté à la Cala d'Or à Majorque, et on sait que le mécano en avait bavé pour remonter les 98 petits tubes en cuivre... qui sont dans l'échangeur.

Alors probablement qu'un des tubes, ou plusieurs est mal positionné.

Comme on est bientôt le week-end, on préfère faire une escale à la baie de San José, au mouillage, et attendre dimanche soir avant d'aller au port d'Almérimar (conseillé par des amis pour son prix compétitif). De plus il y'a des ship au cas où l'on casse quelque chose en démontant, mais ça c'est uniquement si on a la malchance avec nous.

En parlant de casse, vous vous rappelez du fameux gazoil trouvé sous le réservoir secondaire, la veille de l'anniversaire de Manoa. Depuis le 12 octobre, Guy commence presque toutes ces journées à éponger un peu de gazoil à plat ventre, un régal, et là il trouve le temps d'aller ouvrir le coffre dans l'angle du carré afin de voir s'il n'y a pas une fuite au niveau du réservoir (qui est de toute façon à 90% inaccessible et invisible sans démonter le coffrage en bois des banquettes), et de l'arrivée de gasoil.

Le coupable est rapidement trouvé :



Il s'agit de la durite, qui est complètement mangée.

Soyons positif, le réservoir n'est pas percé, mouais... super, on a gagné le gros lot.

Résultat du gasoil de partout dans le coffre en dessous, et comme ils communiquent tous, idem pour les quatres à côté, sous la banquette tribord, là où l'on stocke une partie du matériel de bricolage et une partie des stocks de nourriture. Rien n'est abîmé puisque tout est surélevé, et contenu dans des caisses.





Nous voilà donc en pleine navigation obligés de vider, éponger, nettoyer les coffres et tout re-ranger.

Le gros tuyau noir et orange a un gros trou, forcément c'est un tuyau prévu pour l'échappement, et non pour tenir aux hydrocarbures... l'erreur est humaine, l'ancien propriétaire (ou celui d'avant), de même que nous, ne sommes pas spécialistes. Là où c'est plus grave, c'est que par deux fois, on a voulu nous vendre un tuyau équivalent, en nous assurant craché juré certain qu'il est fait pour les hydrocarbures... à croire qu'on est déjà au Maroc. Non sérieusement c'est du 'grand n'importe quoi' comme dit Guy.

Et la troisième fois, on s'est fait avoir comme des bleus, et comme ça coûte 90€, ça a vraiment eu tendance à nous énerver (le mot est faible).

coucher de soleil en mer :



Passage à la latitude 37°0'0".

Petite pause comme prévu à la baie de San José, pour souffler...


la baie la plus au nord abrite un petit port et le village de San José.

la baie au sud est sauvage, et bordée d'une grande plage de sable grossier et de cailloux. 



On met l'ancre sur fond de sable, dans une eau très claire. Un peu de turquoise, chouette.




Le décor est très dépaysant, montagnes sans végétation, côte très aride, roches orangées, on s'attend à chaque instant à voir passer un chameau le long de la plage. 


le mont Genovas entre les deux baies :



le mont au sud de la baie :


On n'est pas bien protégé du vent qui vient plus de l'Est que prévu, mais heureusement se calme à la tombée de la nuit.

la plage :

et son bounker :



Petite balade le long du sentier qui fait le tour de la montagne, direction le village de San José.

Il fait très chaud et très sec.






MOANA au mouillage :


Les premières villas :


 belles constructions, belles couleurs


Un superbe chemin tout en pierre, qui descend à la mer ? peut-être à une mini plage cachée entre les rochers. Allons-y.


Non en fait il ne mène nulle part, étrange.

il faut se changer en cabri pour atteindre l'eau :


Le village de San José, et son petit port tout au fond de la baie :




Retour en annexe :


On a transpiré, le soleil cogne fort, alors envie de baignade :

Louna abandonne en hurlant, car l'eau est très fraîche, seuls Manoa et moi feront quelques brasses.

Premier bain salé depuis Formentera aux Baléares, et le prochain ce sera aux Canaries.





baie San José -> Almerimar

Direction le port d'Almerimar pour démonter l'échangeur du moteur.

Tiens, des rochers en chocolat avec un peu de chantilly :




Arrivée à Almerimar, ville nouvelle, construite sur le flan de la montagne (creusée volontairement), entre falaise et mer, juste à côté du paradis de plastique, des serres à perte de vue.




 Le port est immense, plus de 1100 places, et beaucoup sont vides. 




Nos amis belges (Fred et Valérie) nous avait dit que ce n'était pas cher, en effet, le tarif défit toute concurrence, 13 euros la nuit pour MOANA, incroyable ! A ce prix là, et vu le peu de plaisanciers, on se demande comment le port survit. M'enfin, tant mieux pour nous, puisqu'on sera obligé d'y passer deux nuits consécutives.






 Jour de lessive à la laverie automatique du coin de la rue, et séchage sur le pont :

Almerimar, les rues de la ville :


Plage de galets à l'ouest du port :



Plage de sable à l'Est, et des centaines de logement de vacances, tous fermés à cette période.




Bilan de l’escale à Almerimar :

MOANA s’est de nouveau transformé en boîte à outils géante, pour le plus grand bonheur de tous.

Le moteur : Guy a démonté l’échangeur, vérifié chacun des 98 petits tubes, un est percé et un autre est usé à l’extrémité, deux choses expliquant la fuite du liquide de refroidissement.

Réparation et nettoyage, petit trou bouché avec magic-silicone, le truc préféré de Guy.

Il y a passé quasiment la journée complète, car pour finir, le capot de l’échangeur lui échappe des mains et tombe au fond de la câle sous le moteur, très profonde et inaccessible, le fond baigne dans un mélange d’huile et tout ce qu’on veut. Il ‘jouera’ pendant près de 2heures pour pêcher le capot avec une tige, à l’aveuglette, dans des positions très inconfortables, je vous passe la liste des mots qui ont été entendus dans le carré, et ‘coup de bol’ (il faut bien que la chance tourne à certains moments) la tige finit par se prendre dans un des trois trous du capot. Victoire ! il est 23h30…

Il nous faudra commander des tubes de cuivre en rechange, sauf que pour en trouver du même diamètre on peut s’accrocher, ce n’est pas du standard, et toujours l’éternel problème de se faire livrer où ?



Le tuyau de gazoil : pas moyen de trouver un tuyau, aucun des deux ship du port n’en ont, à part un équivalent à celui qui était en place, non résistant au gazoil qu’ils ont bien failli nous vendre… si Guy n’avait pas autant insisté pour qu’ils vérifient encore et encore.

Résultat, une réparation de fortune avec une balle molle (trouvée sur une plage) pour boucher la sortie du réservoir, attache à une ficelle pour qu'elle n'est pas l'idée d'aller se promener dans le réservoir, après avoir transvasé le maximum de gasoil dans des bidons, pour que le niveau soit plus bas.



Le gaz : nous avons entamé notre troisième et dernière bouteille de gaz de butane de 13kg mi-octobre. On sera donc en panne de gaz autour du 9-10 novembre, probablement un peu moins vite, car du coup on économise, finis les gâteaux et pizzas au four, fini la confection du pain.

Les bouteilles françaises ne sont pas les mêmes que les espagnoles, consignes et embouts différents, sinon ce serait trop simple. Encore une bonne uniformisation européenne, plus on avance, plus on se dit qu’il n’y’a vraiment rien qui soit pareil entre les différents pays d’Europe, à part l’Euro.

La seule solution c’est donc de recharger nos bouteilles. Mais il faut trouver quelqu’un qui accepte de le faire. Apparemment c’est possible également aux Canaries, mais dans quelle île ? et où ? les infos trouvés sur les blogs sont souvent fausses ou pas assez précises et pas forcément utiles au final.

Pas trouvé de gaz ni à Alicante, ni à Cartagene. On pose la question également à Almerimar à la capitainerie, rien non plus. Et puis ‘coup de bol’ encore, qu’est-ce qu’on est chanceux dans ce voyage c’est inouï, un couple de français à la retraite sont entrain d’hiverner leur bateau à deux emplacements de MOANA, et le gars a une grosse bouteille de gaz dans les bras quand Guy passe. Il lui demande s’il a pu les faire remplir. Et oui en effet, c’est possible à Estepona, un port plus au sud, juste avant Gibraltar. Bon, impecc, la prochaine escale sera donc là-bas. Facile… un soucis de ‘presque’ résolu.



La poulie tribord du guindeau : la chaîne de l’ancre passe sur une poulie en plastique blanc sur le davier à l’avant du voilier, avant de plonger dans l’eau, et cette poulie est tellement usée, qu’on est entrain d’entamer l’axe en acier qui est dessous.

On cherche depuis un moment, et les réponses dans les ship (magasins spécialisés pour le bateau je rappelle) sont toujours les mêmes ‘ah bein non il y’a tellement de modèles différents, on ne peut pas avoir tout en stock’. A part des pare-battages et des porte-clefs, ils n’ont vraiment pas grand-chose. Ah si, des bouilloires soit-disant inox qui ne le sont pas, de la vaisselle, de la déco, et un tas de trucs horriblement chers soit-disants étudiés pour résister à la mer mais qui rouillent ou cassent en quelques semaines…  Le plaisancier est tellement riche, autant lui pomper toute la caisse de bord ! C’est épuisant. Pas la peine de demander quelque chose en rapport avec les chariots de grand-voile ou leurs précieuses petites billes à 1 euro pièce, ça vous l’aurez compris. D’ailleurs on songe à les remplacer par des billes de pistolets qui ne doivent pas être beaucoup moins résistantes, mais 100 fois moins onéreuses. 









Almerimar -> Estepona

Départ d'Almerimar en milieu d'après-midi le mardi 29 octobre, vent de face, on tire des bords carrés, au bout de 2h, le port est toujours à côté...

Et c'est reparti pour le doux bruit du moteur.

Nous continuons à longer la Costa del Sol, qui porte bien son nom, temps très sec et ensoleillé.

Il fait chaud la journée, mais froid la nuit, et les nuits sont de plus en plus longues, vivement les latitudes tropicales.

Mais pour l'instant, c'est un cap plutôt plein ouest qu'il nous faut suivre, pour atteindre le détroit de Gibraltar.


Coucher de soleil en mer, avec une grosse houle de face, les vagues tapent, l'étrave monte et retombe lourdement, c'est une vraie balançoire à l'avant du bateau. 






20h, tout à coup le vent monte et s'inverse, il passe à l'Est et nous pousse enfin dans la bonne direction, arrêt du moteur, on avance à 5 noeuds, les vagues sont encore de face, GVoile avec 2 ris et génois réduit.

Et c'est parti pour un réglage des voiles quasi permanent, car le vent diminue puis monte, d'arrière il passe au 3/4 arrière tribord, puis babord, puis de travers... navigation fatigante.

22h La houle s'inverse enfin (comme le vent), c'est un chari-vari de vagues croisées pendant une petite heure, plusieurs s'invitent à bord par l'arrière et me mouille le dos et les coussins, il y'a même du plancton fluorescent sur les marches de la descente ! 

Et ensuite, on surfe... et on se régale. 

Pas longtemps puisqu'avant minuit, le vent faiblit, on lâche les ris et on déroule le génois entièrement, on avance à peine à 3 noeuds.

Il reste 85 miles à parcourir jusqu'à Estepona.

Mercredi 30 octobre vers 1h du matin, Eole nous abandonne complètement, le génois tape, et Roger est obligé de l'enrouler. 

A 3h du matin, MOANA fonce à 7 noeuds avec des pointes à 8 ! sacrée méditerranée toujours surprenante. Moi je dors dans la cabine avant à la place de Manoa, et ça tape fort !

On ressent déjà les effets de marée de l'océan Atlantique, courant qui nous aide ou qui nous freine.

Je prends un nouveau quart avant l'aube, il fait froid, mais j'ai la chance de voir plein de dauphins. Je les accompagne à l'avant du bateau (à genoux car ça bouge beaucoup et c'est mouillé, et toute le monde roupille) pour les admirer sautant dans l'étrave, ils se font asperger par les énormes splash que fait le bateau sur les côtés lorsque l'avant retombe. 



Dommage que je sois seule à profiter du spectacle.

Ce sont les premiers que l'on voit d'aussi prêt depuis notre départ début août.

Je prends plusieurs clichés, mais il fait encore bien sombre.





     

et un petit film où l'on voit deux dauphins sauter en simultané. Dommage qu'ils ne nous aient pas rendu visite 20 minutes plus tard, ça aurait été plus lumineux.



lever de soleil




On aura un bon vent arrière toute la matinée, pointes à plus de 20 nœuds. Des creux de plus de 2m, la navigation est inconfortable, et Manoa est malade au réveil.

Le pauvre passera la moitié de la journée la tête dans la cuvette, à vomir rien du tout puisqu'il n'a pas mangé depuis la veille à midi, car déjà pas très en forme. Heureusement il a dormi sans soucis toute la nuit.




9h : passage au large de Malaga. Il reste environ 35 miles.

Je jette un œil en tête de mât, et oh quelle bonne surprise, le sommet de la grand-voile n’est plus accroché au rail, les premiers chariots ont cassés. Les deux tout en haut fixés sur la même plaque en triangle, puis le suivant et quelques heures après un quatrième, au niveau de la latte.            

On retrouvera peu de billes, vu les mouvements du bateau.

Pfff, encore du boulot supplémentaire. On n’est pas trop inquiets puisqu’on a des chariots de remplacement à bord.

13h30 : le rocher de Gibraltar et la côte marocaine sont visibles.

16h : passage à la longitude 5° ouest.

17h Arrivée en vue d’Estepona            



On affale la grand-voile, et là encore une mauvaise surprise, car la plaque en triangle sur laquelle sont accrochés les deux premiers chariots est cassée. Ca se complique.

17h30 Entrée dans le port bien avant la nuit.           





Le gaz

Après s’être amarré et être passé à la capitainerie (nuit à 22€), vite vite on appelle le monsieur qui s’occupe de recharger les bouteilles de gaz.

Son numéro est inscrit à la capitainerie, il est connu et sérieux, entreprise Gas Service. C’est un anglais.

Mais ça on l’apprendra bien plus tard, puisqu’on tombe sur son répondeur. Le lendemain jeudi 31 octobre on le recontacte et il nous dit qu’il est en congés, et qu’il ne sera disponible que lundi, ggggrrrr (c’est bien plus qu’un gggrrrrr qui nous vient à la bouche !) pas de chance, on est dégoutés.





La Grand Voile

Voici la fameuse pièce en triangle, cassée dans la main gauche de Guy :            


Et voici celle que l’on a pu couper et fabriquer, grâce à un morceau d’inox donné gratuitement par le réparateur de voiles qui tient son magasin à 100m de notre ponton. Un espagnol très cool et très sympa, qui a fouillé pendant 20 minutes dans tous les recoins de son atelier pour dénicher cette plaque d’inox.

Guy et papa passe une bonne moitié de la journée du jeudi pour la confectionner.            



Journée bien remplie, on court partout, puisque le lendemain ce sera jour férié et ensuite le week-end.

Mais on sera partis d’ici là, comme on l'a dit à quelques amis par mail, on pense se mettre au mouillage à côté du port vendredi vers midi, et attendre le départ vers 23h. Tant pis pour le gaz (on verra aux Canaries), les conditions sont bonnes pour passer le détroit de Gibraltar dans la nuit du vendredi au samedi, marées, courants, vent d’Est force 2, basse mer vers 7h30 du matin, il fera donc jour pour la partie la plus délicate, tout ok c’est génial et incroyable, même si on est conscient qu’il y’aura de toute façon forcément des mauvaises surprises sur place.

On prévoit de longer les côtes espagnoles pour remonter jusqu’à Barbate ou Cadix afin que Roger reprenne le train pour Lyon.


On est à 20 miles de Gibraltar :   
         



On distingue le célèbre rocher ainsi que la côte nord du Maroc, la porte de l’Atlantique est juste là, devant nous, la tension monte mais on est vraiment contents, on va enfin quitter la méditerranée.






Alors que se passe-t-il ? pourquoi je vous écrits le 5 novembre toujours en direct du port d’Estepona ?

           



La Grand-Voile

Guy termine tardivement le jeudi soir, il fait nuit, il est dépité lorsqu’on revient des dernières courses d’avitaillement (car les supermarchés seront fermés le lendemain).

La pièce en triangle va très bien. Il a changé tous les chariots cassés par les neufs.

Mais les neufs sont à friction, non adaptés au rail que l’on a (on le savait déjà), et il faut les limer un peu pour qu’ils rentrent (on le savait aussi).

Une fois tout en place, la Grand Voile ne monte pas et ne descend pas, ça ne coulisse pas du tout.

GV coincée=> MOANA coincé au port aussi. pour combien de temps ??

Après le moteur, voici un nouveau contre-temps qui met le moral de l’équipage à rude épreuve, c’est rien de le dire, ras le bol général et plus envie de rien.

C’est pas vrai, alors que le détroit était prêt à nous laisser passer 30 heures plus tard !!

Que va-t-on faire ? changer le rail coûterait environ 1500 euros + de nouveau changer tous les chariots pour à peu près la même somme, car les actuels n’iraient pas. Et combien de temps au port pour ça ?

Et de nouveau les doutes, les questions qui tournent sans arrêt en tête, je passe une longue nuit quasi blanche, déçue et fatiguée. Le bilan n’est pas terrible, sur 3 mois de voyage, pour l’instant on n’aura pas eu beaucoup d’accalmie, pas de temps pour nous, les journées sont plus remplies que lorsqu’on travaillait, chercher l’erreur… peut-être parce que ici il n’ya pas de week-end, beaucoup de soucis et même pas encore affronté ce pourquoi on est ‘éventuellement préparé’, le mauvais temps en mer et les navigations longues. Et ce détroit qui nous nargue…

Et ce n’est pas fini, car une fois les problèmes résolus, c’est évidemment la météo qui s’enmêle avec du force 8 dans le détroit, du vent d’ouest continuellement pendant plusieurs jours nous fermant totalement le passage, mêmes les ferrys ne traversent plus. On est début novembre, et on aurait du être loin d’ici depuis longtemps. Est-ce  le début des vilaines tempêtes d’hiver, on ne sait pas. On ne peut rien faire, que prendre son mal en patience, combien de jours ? on est au port, avec un tarif de 22€ la nuit qui passe à 15€ au changement de mois, ouf toujours ça en moins de dépensé.

On a toujours dit que les grands voyageurs venant de méditerranée étaient plus avantagés que ceux venant de Bretagne qui doivent affronter le terrible golfe de Gascogne, mais je me dis que ce fichu détroit de Gibraltar n’est pas vraiment une partie de plaisir, après avoir eu les tempêtes du golfe du Lion (mais au moins on peut s’abriter) et les humeurs de la méditerranée.

A-t-on mis la barre trop haute, la Polynésie est peut-être trop lointaine pour un voilier si vieux ?

Je me demande si on ne va pas devoir rebaptiser le nom du blog ‘les enfants de l’océan’ par ‘les enfants de la mer’, quant au nom du voilier, je ne sais même pas si le mot ‘mer’ existe en tahitien.

A moins que MOANA devienne un bateau-igloo, les températures sont de plus en plus fraiches, même une nuit à 11° dehors, et à peine 20° la journée dans le bateau, inhumain…

Bref assez philosophé…





Vendredi 1er novembre

On fait la rencontre de l’équipage du BALTIAN qui viennent s’amarrer à côté de nous. Ils font route également pour Gibraltar, ils sont partis il y’a 4 mois, pour une année de voyage. On est ravis de les rencontrer, de discuter, on s’aperçoit que comme nous ils ont plein de problèmes techniques et qu’ils en ont un peu marre aussi, ah au moins on se sent moins seuls.

Ils ont prévu un tour de l’Atlantique et ne sont pas en avance non plus, mais pas inquiets pour autant, ça nous rassure.

Voir le détail dans la page Rencontres






Samedi 2 novembre

Mon papa ayant des obligations à terre, est obligé de nous abandonner.

Il ne passera donc pas le détroit avec nous, c’est dommage pour lui puisqu’il ne l’avait jamais fait, et dommage pour nous, car être trois pour les quarts de nuit et pour gérer les enfants la journée, c’est bien agréable et plus facile qu’à deux.

Il prendra le bus jusqu’à Malaga puis le train, avec changement à Madrid, à Figueras, à Nimes avant d’arriver à Lyon après plusieurs heures de retard tard le dimanche soir, pas de place dans le dernier train pour Lyon, une nuit fraiche dehors car la gare de Figueras est fermée jusqu’à 5h du matin, un arrêt pour évacuation d’un passager malade... Galère aussi pour lui donc et fin de voyage fatigant.

Les rdv en bateau ne sont jamais simples, mais là par deux fois avec nous ça se termine en catastrophe.

On est moins avenant qu’au début pour inviter les copains… ça ne nous réussit pas.


Le port d’Estepona            


Le port est calme, propre, sécurisé, et confortable, les gens de la capitainerie accueillants et souriants, et on a droit à une bouteille de vino tinto (vin rouge de la région) à notre arrivée ! les ports français devraient en prendre de la graine.

Ah et autre point positif, le wifi est gratuit et accessible de partout et non pas uniquement dans l’enceinte de la capitainerie.

Dernier point important, il n'y a pas de carburant à Estepona, la seule pompe est réservée aux pêcheurs.  







La ville, toute en bleu et blanc, comme les infrastructures du port 










Le phare  


La grande plage, et promenade piétonne aménagée tout le long 













Douches originales :            




Et le paradis des enfants sur plusieurs centaines de mètres :            


Le gaz

On rappelle le monsieur du gaz le matin du lundi 4 novembre, d’une cabine téléphonique, car le forfait de téléphone ne fonctionne plus depuis le 1er novembre, encore une belle arnaque, le réseau MASMOVIL est aussi cher et nul que le réseau MOVISTAR. Des voleurs…

Il parle anglais puisqu’il est anglais et propose de passer au port à 11h30, impeccable.

Guy prépare les 3 bouteilles de gaz, et les pèse avec une petite balance acheté à un marocain le dimanche (jour de marché sur le port).

Pour info, les bouteilles de Butane vides pèsent 11kg (donc pleines, 11 + 13 = 24kg)

Il nous ramène nos bouteilles pleines à 13h, prompt et efficace.

Voici une affaire rondement menée. Le tout pour 100 euros, c’est un peu plus cher qu’en France au supermarché, mais là on a eu le service à domicile. Bon, pas le choix de toute façon et on est content d’avoir à nouveau du gaz. Je suis ravie que Guy n’ait pas eu à faire des transvasements de bouteille à bouteille. C’est reparti pour 3 mois, d’ici là on sera en Martinique (enfin on espère…) où les bouteilles sont les mêmes que chez nous, échange classique avec consigne.





Les chariots de GV


Après un tas d’essais, encore un coup de lime par ci, sur les chariots, sur le rail, changement de position selon les chariots, il reste encore des chariots avec roulement à billes qui eux coulissent très bien, … au bout d’une journée supplémentaire la GV monte et descend presque comme avant. Il faut tout de même forcer beaucoup plus sur la drisse, j’avais déjà du mal auparavant, là ça m’est carrément impossible, je n’ai pas la force. La voile est neuve et lourde, ça aide pas.

Par contre il ne nous reste aucun chariot en spare, alors si un nouveau vient à casser, on va être embêté.

Du coup on est retourné voir le réparateur de voiles très sympa, à la recherche de tiges de 6mm en teflon ou en nylon pour remplacer les billes.

Malheureusement, rien chez lui et rien dans les deux magasins de bricolage qu’il nous indique dans la ville d’Estepona, alors 'inchallah'... pour la suite, on part quand même dès que la météo sera bonne.



Voici en gros le trajet effectué en méditerranée :





Dépenses depuis le départ, sur 3 mois : 


Aucun commentaire de notre part, on est trop énervé... d'avoir dépensé le double par rapport aux prévisions.







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