Les Moana's

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dimanche 6 avril 2014

Bilan - 8 mois de voyage

06/04/2014

Bilan - 8 mois de voyage


Troisième BILAN pour l’équipage du MOANA.

4/4/2014, déjà 8 mois que nous sommes en route, ça passe…





Nombre de milles parcourus

au total depuis le départ le 4 août 2013 : 5310 milles

détail sur les dernières grandes étapes :

- des Canaries au Cap Vert : 780 milles

- du Cap Vert à la Martinique : 2180 milles

- Antilles : 160 milles

Nb : 1 mille marin = 1852 mètres  /  1° en latitude = 60 milles





Poissons :

-67 poissons volants trouvés sur le pont, en direction du Cap Vert et pendant la traversée de l’Atlantique

-2 poissons pêchés à la traîne, une dorade coryphène et un barracuda





Santé :

Toujours rien à signaler, on se demande pourquoi on paye une assurance… mais c’est tant mieux.

Les enfants se portent à merveille.

Je n’ai pas mal au dos, aucune petite douleur depuis que la chaleur est au rendez-vous.

Guy a toujours ses maux de ‘vieux’, épaule, poignet… la routine

La Martinique a beau rimer avec tropiques et moustiques, aucun bzz bzz lorsqu’on est au mouillage, toujours du vent et ces petites bêtes réputées agacantes ne viennent pas jusqu’à nous. Même à terre, le temps d’une balade ou d’un restau, nous n’avons pas vu de moustiques. Seule exception au chantier de Sainte Lucie pendant deux soirées, mais rien qui ne vaille la peine de sortir les produits anti-moustiques, ni les moustiquaires. En saison des pluies, il faudra être plus vigilant.

Lorsqu’on descend peu à terre, on ne marche pas assez et du coup avec Guy, on se retrouve avec des pieds de hobbits, ils gonflent…





Budget :

Dépenses par thème, en moyenne mensuelle

-alimentaire : 530 €

dont un restaurant, quelques glaces et cocktails aux bars wifi.

-ports : 0€                                                                                                                                       Ca c’est génial, plus de frais de marina. Depuis que l’on a quitté les Canaries, on est systématiquement à l’ancre (ou en navigation).

-téléphone mobile / liaison internet (hors Iridium) : 25 €                                                                                

-gasoil / essence / gaz : 100 €



-réparation / matériel accastillage : 985  €

Moyenne très élevée à cause de la sortie du voilier à Sainte Lucie, carénage et réparation du safran.

Il y’a eu également des frais pour réparer le tangon après la transat



-souvenirs / cartes postales / jeux : 47 €

-location de voiture / tourisme / entrée parcs : 95 €



Total mensuel moyen = 1780 €



Pas de commentaire. Ca n’énerve.

Si ça continue à ce rythme, les deux ans prévus au départ vont être écourtés.



Détail dans le fichier Budget-Voyage.xls





Les problèmes mécaniques :

-le génois déchiré (ou plutôt décousu), réparé à Sal

-les chariots de GVoile qui ne coulissaient plus, réparés en Martinique

-le tangon embase et embout cassés, réparé en Martinique

-le guindeau, poulie du davier + doigt, réparé en Martinique

-le dessalinisateur, en cours de réparation, on attend des membranes neuves, livraison UPS depuis les USA puis acheminement par les bateaux-copains

Il nous fait de l’eau trop sâlée. C’est génant… surtout pour la suite du voyage. Nous n’avons pas acheté de bouteilles d’eau depuis notre départ, et les derniers remplissages des bouteilles se sont fait à Grande Canarie et en Martinique.

-la durite d’arrivée de gazoil du réservoir secondaire s’est percée, réparation de fortune, mais il faut que l’on trouve une durite neuve.

- le tacktick : pas encore eu le temps de diagnostiquer la panne

-le sondeur cassé, réparé en Martinique

-le loch (ce qui donne la vitesse) : on a vu lorsqu’on a sorti le bateau, que les sangles passent juste sur le loch, il lui manque une pâle. On a la vitesse réelle sur le GPS traceur et sur le GPS, mais lorsqu’il y a de forts courants, c’est intéressant de connaître la vitesse apparente

- le safran, jeu au niveau des bagues et de la fixation, réparé à Sainte Lucie





L’énergie

Aucun soucis d’énergie. On est complètement autonome, et c’est bien appréciable.

Depuis le Cap Vert le vent souffle fort, et le soleil est haut dans le ciel, l’éolienne plus les panneaux solaires font que l’on est chargé autant que si on était au port, branché au quai.

On fait tourner le dessalinisateur environ tous les deux ou trois jours, sans besoin du moteur.

Seul problème c’est le gaz, il faut que l’on fasse remplir nos trois bouteilles régulièrement (1 bouteille nous fait 1 mois). Ce fut compliqué en Espagne où les embouts sont différents, pas simple en Martinique bien que l’on soit en France les bouteilles n’ont pas la même couleur. A Sainte Lucie et à Grenade, remplissage ok mais avec du propane.





Manoa et Louna :

Les enfants sont à l’aise, on dirait qu’ils ont toujours vécus sur un voilier.

L’annexe a pris la place de la voiture, le bateau celle de la maison, tout naturellement, ils ne se posent pas de question, ah si on pouvait être comme eux, jeunes et insouciants. Ils ont de la chance de vivre cette aventure, sauf qu’à leur âge il est difficile de s’en rendre compte, pas assez d’années d’endoctrinement derrière eux, dans la société de consommation.

C’est génial de les voir évoluer, de les voir s’amuser dans l’eau, de nager… et de s’émerveiller sur les belles couleurs, les poissons, les tortues, les coraux,… de se balader dans la forêt, se mouiller sous les cascades… courir après les lézards ou les crabes.

Je les envie, car nous on a moins le temps de flâner, il faut toujours anticiper, en mer plus qu’à terre.

Ils réclament moins leurs jouets de la maison, et parlent moins de vouloir rentrer, depuis que l’on est au pays des cocos, ouf, c’est rassurant pour nous, ça motive tout le monde.

Manoa nous dit même qu’il aimerait rester vivre ici. Bon c’est intéressant, à creuser… bien qu’on ne sache pas trop ce que ça peut représenter pour lui. Il retranscrit surement certains de nos propos, il est influencé.







Ecole Manoa :

Aaahhh l’école, vaste programme…

L’école se fait le matin, quelque soit le jour de la semaine, durée de 1h30 à 2h30, selon le programme de la journée.

Pas de vraies vacances scolaires, en tout cas pas les mêmes dates que les copains de classe. Lorsqu’on a une navigation délicate, ou que l’on est en grande balade pour la journée, pas d’école, du coup on essaye de réviser un peu le soir, ou de faire des jeux en route, en fonction de ce qui nous entoure.

On peut toujours apprendre les dizaines et les unités sur le sable, avec des petits coquillages et des gros coraux.

Dès que l’on s’arrête plusieurs jours, j’ai l’impression qu’il faut tout reprendre, qu’il a perdu ce qu’il a appris, et qu’il est moins motivé.

Dans l’ensemble, ça se passe mieux que le premier trimestre.

Mais, mais, mais, ça reste pour moi et pour lui une ‘corvée’, qui desfois nous gâche totalement la journée.

Trop rares sont les sessions d’école où l’on ressort tous les deux en souriant.

C’est malheureux, mais même si on avait la possibilité de prolonger le voyage en bateau au-delà de deux ans, ce serait impossible pour moi, à cause de l’école. D’autant qu’en grandissant le programme est plus ardu et touffu, il prend trop de temps sur le voyage.

Chez la plupart des bateaux copains, même combat, l’école se passe difficilement, les mamans s’énervent, les enfants ne sont pas motivés, ils sont en retard, les cours du Cned sont trop denses, et le planning trop contraignant, c’est la galère pour les envois/réception par courrier pour les petits, et soucis de connexion internet pour les plus grands.

Manoa a progressé et acquis des choses depuis le début du CP, c’est évident, mais surement pas aussi vite que ses copains de classe, et pas aussi vite que je le souhaiterais.

Il semblerait qu’il parvienne mieux à écrire lorsque je lui dicte des phrases, qu’à lire tout seul car il a du mal à séparer les syllabes visuellement.

Coup de gueule sur l’orthographe :

Par exemple, pourquoi faut-il que le son ‘o’ s’écrive ‘o’ ou ‘au’ ou ‘eau’, franchement ce n’est pas se compliquer la vie pour rien ça ?? et perdre son temps. Voilà, le temps… on pourrait en gagner pour apprendre aux enfants à manger correctement, à protéger la planète, … au lieu de ça on perd du temps pour des futilités d’écriture.

Et ce n’est que le début d’une longue série, on n’a pas fini de s’arracher les cheveux, avec les ‘in’ les ‘an’…, ou avec les lettres de l’alphabet qui ne font pas le même son selon laquelle est derrière. C’est stupide, aucune logique, il faut juste apprendre et le garder en mémoire, pas simple pour un bonhomme de 6 ans et demi, et ce n’est pas inné.

Je ne m’énerve pas Madeleine, j’explique… (Coluche)

Bon, enfin, l’école se passe. Voilà.

Merci beaucoup à Valérie, Eric, Anne et Sandrine pour leurs conseils et leurs encouragements.







Rythme :

Nous avons pris notre rythme de croisière depuis le mois de janvier, on ne sait pas trop exactement quand.

Nous sommes plus détendus, et on parvient à profiter mieux des jours qui passent, des mouillages, de la vie sur l’eau, de nous quatre.

L’ambiance à bord est meilleure.

On est sur l’eau, tout tourne autour de l’eau, on pense ‘eau’, on va finir par avoir les pieds palmés. On aime bien aller à terre, mais le moment que je préfère le plus c’est lorsqu’on retourne au bateau, le calme après le bain de foule (foule toute relative).

Qu’il est bon de vivre au ralenti, loin de l’agitation du monde, loin de la surconsommation et les bêtises de l’homme moderne. Il faut en profiter au maximum, et apprécier.

Pour ma part, je me sens toujours mieux en navigation qu’au mouillage, je suis plus zen lorsqu’on est loin de tout, il semble que je n’ai rien à anticiper, sauf ce qui entoure la navigation. Etant donné les milles qu’il nous reste à parcourir, c’est bien, mais il serait bon également que je profite un peu plus des escales et que je parvienne à me reposer.

Il aura fallu près de 5 mois pour trouver un rythme et un bien-être, il ne suffit pas de larguer les amarres, en pensant que tout va se mettre en place facilement.

Mais, nous ne sommes pas passés pour autant d’un coup du noir au blanc (ou au bleu), nous avons toujours nos pépins mécaniques plus ou moins importants, sans parler des bricoles d’entretien quasi quotidiennes du voilier. Rien toutefois d’aussi grave que le moteur en septembre heureusement, ou que les coulisseaux de GVoile.

Il semble que pour l’équipage du MOANA, le temps de ‘doigts de pied en éventail’ soit réduit à son minimum… c’est comme ça, il ya des hauts et des bas. Dans l’ensemble les chouettes journées sont plus nombreuses que fin 2013, donc c’est positif.

Pas encore eu vraiment le temps de pêcher au mouillage, au grand désarroi de Manoa qui réclame beaucoup.

Pas encore sortie la bouteille de plongée.

Pas eu le temps de ceci… cela…

Ca va venir… mouais…





Le Planning du voyage :

Nous sommes aux Grenadines, à Bequia.

Les ‘grosses’ îles du nord au sud : Canouan, Mayereau, Tobago Cays, Union, Cariacou, et les petits îlots environnants le long de la route. Les distances sont petites.

On prévoit d’être à Grenade pour la fin avril.

Ensuite on file vers îles du Venezuela les plus à l’Est (Los testigos, Margarita et Tortuga) - début mai

Puis les îles Néerlandaises : Bonaire et peut-être Aruba. mi-mai

Navigation de plusieurs jours vers les îles San Blas (Panama). Fin mai - début juin

Passage du canal de Panama fin juin / début juillet.



Nous avons toujours à peu près 2 mois de retard sur le planning initial.

Ce n’est pas très grave, mais il ne faut pas qu’on traine maintenant, sinon le Pacifique va nous fermer ses portes, les alizés de sud-est pour la Transpacifique s’établissent d’avril à août, et la saison cyclonique en Polynésie débute en décembre.

Les seuls points positifs sur le fait d’être en retard, sont que l’on devrait (je dis bien devrait car les normes de Dame Nature ne sont pas aussi immuables qu’avant, surtout sur l’eau) avoir une mer moins dure entre les îles ABC et Panama avec toujours un vent favorable (alors que de janvier à mars les navigations sont difficiles dans cette zone), et que l’on aura moins d’attente pour le passage du canal.

Avant de partir, on se disait, wahou 2 ans pour ce qu’on veut faire, c’est largement suffisant, en fait non, pas du tout, les mois défilent, les escales, les soucis mécaniques, la météo défavorable… font que l’on n’avance bien moins vite que prévu.

On pensait être libre comme l’air, mais on ne vole pas, on avance à la vitesse d’une tortue et la mer nous impose sa cadence, elle nous laisse passer, ou pas, c’est elle qui fait la loi, et il nous faut être patients et respecter les ‘bonnes’ périodes de navigation selon les zones.

De même pour les bateaux copains qui font un tour de l’Atlantique en une année, le planning est chargé, et eux aussi sont obligés de zapper quelques îles à contre cœur.







Bilan :

On continue notre voyage.

Le bilan est positif, contrairement au précédent. Survient encore des pensées confuses, dans les moments de galère, où une petite voix nous dit ‘mais que fait-on là, on serait bien mieux à la maison, sur le canapé…’, mais ces pensées sont moins fréquentes.

Tant mieux. On est plutôt heureux, même si ce n’est pas rose tous les jours.

Il y’a tout de même quelque chose d’étrange qui se passe. On ne met pas encore vraiment le doigt dessus.

On n’a pas la même pêche, la même envie d’avancer que lorsqu’on était aux Canaries, ou au Cap Vert. Je ne fais pas référence aux nombreux voyageurs qui atteignent les Antilles et qui n’en repartent pas. Ca ne risque pas de m’arriver, car j’ai besoin d’aller voir ce qu’il y a derrière l’horizon, rester trop longtemps au même endroit finit par me taper sur les nerfs. Mon projet (je dis mon, car s’il venait à changer Guy ne serait pas affecté ni déçu, il s’agit dans la réalité de notre projet bien entendu) est d’aller en Polynésie, et on ira.

Mais je pense que nous sommes arrivés à un tournant du voyage, nous entamons bientôt la seconde partie, ce ne sera pas la plus facile.

Il y’a eu des belles retrouvailles et des nouvelles rencontres en Martinique, qui nous laissent d’excellents souvenirs, mais un sentiment de mélancolie, car les séparations sont difficiles.

Bref, on a le blues quoi… et aussi peut-être un peu peur.

Nous sommes peu (en comparaison avec ceux qui traversent l’Atlantique) à filer vers l’ouest et Panama, en tout cas on n’a pas encore rencontré de gens qui font comme nous. Plus bas probablement, une fois passé les Tobago Cays (très touristiques), on espère faire de nouvelles rencontres à Cariacou ou à Grenade, ou au Vénezuela.

Peur disais-je, oui car ensuite nous plongeons vers l’inconnu. Jusqu’ici nous connaissions les Antilles et l’Est des Caraîbes. Mais les îles plus à l’ouest, non.

De plus, nous allons nous éloigner encore et encore de ‘chez nous’, de nos familles et de nos amis laissés derrière, le décalage horaire et la distance vont se creuser. La communication sera de plus en plus délicate.

A partir du mois prochain, le retour ne sera plus possible.

D’abord, le retour en voilier est impossible, sauf en faisant un tour du monde complet, ou en passant le Cap Horn, mais c’est hors projet, hors budget et hors envie pour nous.

Ensuite, le retour à notre vie d’avant, nous parait impossible également, et ce depuis peu. Et là ça se complique dans nos têtes et ça nous angoisse, et en même temps c’est merveilleux d’avoir un nouveau projet après celui-ci.

Mais chaque chose en son temps, ne rien précipiter, il faut que ça murisse (on aura le loisir pendant la transpacifique d’y songer), et il faut avant tout que l’on profite de notre voyage.





A bientôt pour de nouvelles aventures



Les MOANA en route vers le turquoise… au-delà de l’horizon

Retour Bilan



















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